Pendant que les politiques s'agitent, PSA cède Gefco

L\'usine PSA d\'Aulnay sera fermée. Le gouvernement socialiste ne fera rien pour l\'empêcher. Mais, afin de faire passer la pilule, politiquement et socialement, le président de la République, François Hollande a reçu l\'intersyndicale du site condamné de Seint-Saint-Denis ce jeudi en début d\'après-midi. Cet entretien s\'est tenu, alors que les syndicats de l\'usine avaient appelé les salariés à participer à un mouvement de grève pour manifester devant l\'Elysée. Chacun des acteurs est dans son rôle. Déception des syndicatsCeux qui, se fiant aux promesses électorales, espéraient une remise en cause de la fermeture du site PSA d\'Aulnay seront déçus. Le  Chef de l\'Etat a promis des négociations tripartites - syndicats, direction, Etat  -, mais ne s\'est pas engagé sur le gel du plan social, ont indiqué des syndicalistes à la sortie de la réunion. \"La nécessité d\'un plan de réorganisation des activités industrielles et de réduction des effectifs n\'est malheureusement pas contestable\" dans son principe, affirmait  le tant attendu rapport Sartorius sur la situation de PSA, dévoilé le 11 septembre dernier par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. Celui-ci ne contestait  nullement le plan de fermeture du site d\'Aulnay en 2014 et les 8.000 suppressions de postes, annoncés à grand fracas par le groupe au début de l\'été mais que l\'on attendait depuis un an!Cession de 75% de GefcoPendant que les politiques font des effets de manche, histoire de pallier leur impuissance, et que les syndicats s\'agitent en vain, le groupe PSA Peugeot Citroën, à la recherche d\'argent frais coûte que coûte, poursuit obstinément son plan de cessions. Le constructeur a ainsi officialisé ce jeudi la vente prochaine de 75% de sa filiale logistique Gefco aux chemins de fer russes RZD. Cette vente doit lui rapporter 800 millions d\'euros, \"après le versement par Gefco à PSA Peugeot Citroën d\'un dividende exceptionnel de 100 millions d\'euros\", précise le groupe dans un communiqué. PSA avait annoncé en février qu\'il souhaitait céder pour 1,5 milliard d\'actifs. \"L\'offre des chemins de fer russe a été reconnue comme étant la plus intéressante\", souligne RZD dans un communiqué séparé.Un CCE vers le 10 octobreL\'opération doit à présent être présentée aux instances représentatives du personnel. De sources proches du dossier, un Comité central d\'entreprise (CCE) doit se tenir chez Gefco aux alentours du 10 octobre. Gefco, qui emploie environ 9.400 employés dont près la moitié (4.500) sont en France, devrait conserver son patron actuel, Luc Nadal et \"le siège social resterait en France\", selon le communiqué de PSA. La cession de Gefco n\'est pas anecdotique, la société se chargeant de toute la logistique du constructeur automobile. Certains trouvent inquiétant qu\'une activité aussi cruciale soit ainsi cédée... à un russe. Mais PSA n\'a pas beaucoup de choix. Le constructeur automobile est empêtré dans une très grave crise, puisqu\'il a essuyé une perte nette de 819 millions d\'euros au premier semestre. Il avoue consommer 200 millions d\'euros de cash par mois et ne prévoit pas de revenir avant fin 2014 à un flux de trésorerie équilibré. Les ventes totales ont reculé dans le monde de 13% à 1,62 million d\'unités au premier semestre. La firme enregistre une marge opérationnelle dans l\'automobile négative de 3,3%.Faible taux d\'utilisation des usinesOutil de production \"surdimensionné\" en Europe (61,4% de taux d\'utilisation à peine des usines de petits modèles) à cause d\'une croissance ratée et développement international trop \"tardif\" avec un \"manque d\'ambition\", telles sont les deux erreurs stratégiques cruciales pointées par le récent rapport d\'Emmanuel Sartorius, qui rendent aujourd\'hui inévitable la restructuration de PSA . La firme reste à la traîne en Chine (à peine un peu plus de 3% de parts de marché), alors qu\'elle y est allée dès 1985. PSA est aussi en retard en Amérique latine et «reste complètement absent d\'Amérique du Nord», pointe le rapport.Trop grande dépendance vis-à-vis de l\'EuropeConjoncturellement, et en corollaire, le rapport notait que PSA est trop \"dépendant\" du marché européen en crise, lequel absorbe encore 58% de ses ventes, contre 48,6% pour Volkswagen. En outre, PSA, \"dont l\'outil de production reste largement centré sur la France\", demeure un \"constructeur généraliste\", présent principalement sur les voitures \"petites\" et \"compactes\", les créneaux \"les plus concurrentiels\" qui génèrent 77% de ses ventes (en 2011). La firme \"se trouve prise en tenaille entre les autres généralistes produisant des voitures à bas coûts en Europe de l\'est et les constructeurs allemands \"Premium\"... \"Pris entre des ventes qui diminuent, des surcapacités et des perspectives de reprise du marché qui s\'éloignent\", PSA \"connaît un rythme de consommation de cash opérationnel intenable \", soulignait le rapport d\'Emmanuel Sartorius.Alliance avec GM problématiquePhilippe Varin, président du groupe, s\'est allié fin février avec GM, qui a pris 7% de son capital. Mais tous les experts demeurent extrêmement sceptiques sur un tel rapprochement avec l\'américain, dont la filiale allemande Opel est chroniquement déficitaire, surcapacitaire et technologiquement à la traîne. GM a en outre... raté presque toutes ses alliances jusqu\'ici, avec Fiat comme avec les japonais Suzuki, Isuzu, Fuji Heavy (Subaru). Il a également mené sa filiale suédoise Saab à la faillite ! 
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