Grand emprunt  : une manne pour l'université, mais des interrogations

enseignement supérieurAlors qu'est régulièrement critiquée la sous-dotation des universités françaises (voir graphique), la communauté scientifique et universitaire ne peut a priori que se réjouir des préconisations de la commission sur le grand emprunt : l'université et la recherche devraient bénéficier de 16 milliards d'euros (sur 35 milliards), voire de 25 milliards en prenant en compte les programmes d'innovation (véhicules du futur, biotechnologies?).Les modalités de répartition de cette manne posent déjà question. Les préconisations s'inscrivent toutes dans le cadre de la politique poursuivie depuis 2007 par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche : autonomie des universités, fondations, rapprochements d'universités (comme à Strasbourg ou en Lorraine), restructuration du paysage en 15 grands pôles de recherche et d'enseignement supérieur (Pres), opération Campus? Récemment, Valérie Pécresse invitait Pres et pôles de compétitivité à se rapprocher. Difficile d'articuler l'existant avec les cinq à dix nouveaux regroupements pluridisciplinaires de « dimension mondiale » préconisés par la commission Juppé-Rocard, au risque de recréer un millefeuille de structures? Sera-t-il donc question de doter les Pres et campus en cours de constitution et d'accélérer les rapprochements d'universités ? « Tout le monde est déjà plus ou moins regroupé. Le grand emprunt servira à digérer les projets en cours », estime Jean-Loup Salzman, président de Paris XIII-Nord. Jacques Fontanille, vice-président de la Conférence des présidents d'université (CPU), espère que la future « Agence nationale des campus d'excellence », qui gérera les fonds, favorisera une certaine « circulation » des subsides. Elle serait dans ce cas une sorte de structure d'appel d'offres. Seule piste concédée par le ministère (les arbitrages seront rendus début décembre), les 4 à 6 « campus d'innovation » technologiques qui regrouperaient formation, recherche appliquée (publique et privée) et industriels, ne correspondraient « pas forcément à des Pres ». Mais, dans leur cas, il y aura redondance avec les pôles de compétitivité?disparition à termeLe risque se profile « de faire pleuvoir là où c'est déjà mouill頻, ironise Jean-Louis Fournel, président du collectif Sauvons l'université (SLU). Selon lui, le grand emprunt va servir à financer l'opération campus pour laquelle il manque toujours 1,2 milliard (sur les 5 promis) et à favoriser les universités déjà dotées en fondations. Autre crainte, que les petites universités de province ne disparaissent à terme ou ne soient cantonnées aux premiers cycles, prime étant donnée aux grandes universités de recherche (Bordeaux, Lyon, Toulouse, Grenoble, Aix-Marseille, Île-de-France?).
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