La retraite à la suèdoise

Lorsque le Parlement suédois, en juin 1994, s'accorde sur le principe d'une réforme des pensions, l'économie du pays est exsangue, mise à mal par une crise économique sans précédent. Le PIB chute, le chômage s'envole et les comptes publics se dégradent. Face à cette situation, le gouvernement conservateur de l'époque met l'État suédois au régime sec. Les retraites n'échappent pas à la cure d'austérité. Fondé sur la répartition, le système de retraite suédois avait vu ses coûts exploser sous le double effet de la crise et de l'évolution démographique. La réforme, décidée dans le consensus par les conservateurs et les sociaux-démocrates et mise en place progressivement, a laissé la part belle à la répartition en même temps qu'elle a ouvert la porte à la capitalisation.Désormais, sur les 18,5 % du revenu que chaque salarié verse au régime de retraite sous forme de cotisations sociales, 2,5 % sont placés sur des fonds de pension. Les 16 % restants relèvent du système par répartition. Mais, autre grande nouveauté, le mode de gestion de ces 16 % ne se fait plus selon le principe utilisé jusqu'alors, celui des annuités, mais selon celui des comptes notionnels.« compte virtuel »Concrètement, chaque Suédois dispose d'un « compte virtuel » sur lequel sont accumulées les cotisations versées tout au long de la vie active. À la retraite, ce compte virtuel est converti en une rente viagère, qui dépend de l'âge du départ à la retraite et de l'espérance de vie : plus un salarié partira tard à la retraite, plus celle-ci sera élevée. Ce système, qui incite les salariés à retarder leur départ à la retraite, repose donc sur un plus grand effort contributif de leur part, en même temps qu'il présente l'avantage pour l'État de pouvoir ajuster le niveau des pensions à celui de l'économie du pays. Ainsi, cette année, le niveau des retraites gérées par répartition devrait, dans le sillage de la crise économique de 2009, baisser de 3 %. sébastien Buffet, à Stockholm
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