L'Europe doit travailler plus et mieux, selon McKinsey

À ceux qui se demandent si l'Europe a encore un avenir, le McKinsey Global Institute (MGI), qui vient de réfléchir aux leviers de croissance à actionner en Europe après l'austérité (1), répond : « Oui..., à condition que ». Depuis 2000, les quinze principaux pays de l'Union européenne ont fait au moins aussi bien que les États-Unis en termes de croissance par tête et d'emplois. Mais le PIB moyen par habitant de ces pays européens est encore, en 2009, inférieur de 25 % à ce qu'il est aux Etats-Unis, soit un écart de plus de 11.200 euros par personne. Pour le MGI, ce retard considérable de l'Europe a deux raisons d'être, qui pèsent aussi lourd l'une que l'autre : un faible taux d'activité de la population en âge de travailler, et des gains de productivité dans les services particulièrement lents. Le travail, d'abord. Dans l'Europe des quinze, les actifs travaillent en moyenne 733 heures par an, contre 913 aux États-Unis. Un écart de 180 heures, qui vient des particularités européennes : pour 93 heures, il s'agit du faible nombre de semaines travaillées (41 semaines contre 46 aux Etats-Unis) ; pour 32 heures, d'un travail féminin davantage en temps partiel et pour 27 heures, d'un taux d'emploi de seulement 51 % des actifs âgés de 55 à 64 ans. A noter que le taux de chômage plus élevé en Europe entre 2004 et 2008, n'expliquerait, pour le MGI, que 10 heures d'écart. « L'écart de richesse n'est donc pas lié à la question du chômage », résume Eric Labaye, le nouveau patron du MGI. Le modèle scandinaveLa productivité dans les services, ensuite. C'est dans ce secteur, plus que dans l'industrie, que se situe la vraie différence entre les États-Unis et l'Europe. Alors que les services tirent la moitié de la croissance des deux zones et sont les seuls pourvoyeurs de nouveaux emplois, entre 1995 et 2008, ils n'ont crû que de 1,1 % l'an en Europe, contre 1,8 % l'an outre-Atlantique. Et ce, en raison d'une croissance annuelle de la productivité 2,5 fois moins rapide en Europe (0,4 % l'an, contre 1,1 %). Or, depuis quinze ans, la croissance européenne est venue essentiellement des gains de productivité. Ce qui, avec le vieillissement de sa population, sera de plus en plus vrai. La productivité est donc la clé de son avenir. Dès lors, ce sont sur ces deux leviers que doivent agir les pays européens pour doper leur croissance. Sur le marché du travail, le MGI recommande d'en améliorer la fluidité, via l'adoption, par tous les États membres, de toutes les composantes de la flexi-sécurité, telle qu'elle a été mise en place par les pays scandinaves. Mais aussi d'accroître le travail à temps plein des femmes, et de mettre l'accent sur l'emploi des jeunes et des seniors : si toute l'Europe relevait le taux d'emploi des seuls seniors au niveau suédois de 74 %, le taux d'activité moyen en Europe progresserait de 6 %. Pour accélérer la productivité dans les services locaux, la finance et les services aux entreprises, le MGI préconise d'accroître encore la concurrence par une régulation équilibrée, d'aumgenter les efforts de recherche et développement (R&D), et plus fondamentalement, d'avoir une approche sectorielle non plus nationale mais à l'échelle de l'Europe, notamment dans les « technologies propres » et les nouvelles technologies.(1) « Beyond austerity : A path to economic growth and renewal in Europe (2010). »
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