La Chine durcit un peu plus encore sa politique du crédit

Jour de prédilection pour les hausses de taux en Chine, le vendredi est souvent redouté par les investisseurs. Le dernier l'était d'autant plus qu'ils avaient spéculé tout au long de la semaine sur une telle issue. À cette perspective, la Bourse chinoise a perdu près de 10% au cours des six dernières séances. Ce vendredi, Pékin a toutefois préféré passer son tour. Et ce, afin de se cantonner cette fois encore, la deuxième en l'espace de deux semaines, à une mesure moins énergique, à savoir le relèvement du coefficient des réserves obligatoires des banques. Celui-ci sera rehaussé de 50 points de base pour s'établir dès le 29 novembre à 18,5 %, un niveau record. L'objectif, explique la Banque centrale, reste de «renforcer la gestion de liquidité et de maîtriser de façon adaptée la masse monétaire et l'émission de crédit». L'inflation a en effet sévi à plus de 4,4 % en octobre en Chine. En parallèle, Pékin a d'ailleurs ordonné aux établissements bancaires de freiner l'octroi de crédits. Cette année, le montant des nouveaux prêts distribués devrait être limité à 1.100 milliards de dollars. Ce qui l'abaisse de 22 % par rapport à la somme hors norme allouée en 2009. « La Banque centrale est plus active dans le maniement de cet instrument - celui des coefficient de réserves - que par le passé dans la mesure où des interventions sur le marché monétaire sont trop coûteuses, les taux d'intérêt en Chine étant inférieurs aux taux d'intérêt américains », explique Claude Tiramani, gérant chez Lutetia Capital. «Le marché avait anticipé une hausse de taux. Il ne devrait donc pas y avoir trop de répercussions sur les actions», estime-t-il. Menace d'inflationCela étant, la plupart des stratèges continuent de penser que ce geste ne suffira pas à faire baisser l'inflation rapidement. Ceux des banques Standard Chartered, HSBC, BNP Paribas, Citigroup, Credit suisse, Mizuho Securities Asia, mais aussi de Royal Bank of Canada, UBS et ANZ prédisent en effet, à l'occasion d'un sondage réalisé par Bloomberg, une hausse de taux supplémentaire d'ici la fin de l'année. La dernière a eu lieu en octobre. « L'inflation est une vraie menace pour l'économie chinoise », souligne Wang Qing, économiste chez Morgan Stanley, « le risque de voir le scénario de la fin des années 2007 et du début 2008 - où la hausse des prix agricoles a engendré de l'inflation dans les économies émergentes - s'accroît sérieusement ». Les investisseurs n'ont donc pas fini de trembler. « Chaque vendredi, ils vont retenir leur souffle », ironise un gérant asiatique. Marjorie Bertouille
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