Bulle sur le secteur auto en Europe

Le paradoxe est criant. Alors que le secteur automobile sort à peine de la plus grave crise de son histoire, les constructeurs automobile ne se sont jamais aussi bien portés en Bourse. Incarnation par excellence des valeurs cycliques à la casse rachetées à bon compte en 2009, les firmes européennes ont tout autant été recherchées en 2010 par les investisseurs. Et pour cause ! Aucune autre filière industrielle n'a autant bénéficié des aides gouvernementales. Si bien que les constructeurs ont redressé leur structure financière et relancé leurs ventes. Pas étonnant dans ces conditions qu'ils soient plébiscités depuis deux ans. Depuis début mars 2009, date de l'amorce du rally boursier, l'indice Euro Stoxx Automobile (13 grands groupes, équipementiers compris) a rebondi de 141 % - contre 70 % pour le Stoxx 600 ! Des capitalisations regonflées, qui culminent aujourd'hui à 192 milliards d'euros au total pour les six grandes firmes « généralistes » du Vieux Continent (Daimler, Volkswagen, BMW, Fiat, Renault et PSA). A 12,6 fois les bénéfices attendus cette année, le secteur se paie autant que le Stoxx 600 (12,4 fois). Une valorisation, à première vue, peu élevée, mais qui, à la lumière des perspectives attendues dans le secteur, paraît un peu cher payée. Moteur chinoisPierre Sabatier, stratégiste chez Primeview, pointe du doigt le risque de formation d'une bulle boursière sur le secteur. Les signes d'essoufflement sont déjà visibles en Europe où les ventes sur onze mois sont en recul de 5,7 % par rapport à l'an dernier. L'arrêt des primes à la casse engendre les mêmes symptômes sur le marché américain. « Peu importe ! », répètent en coeur les grands contructeurs, puisque la mécanique repose désormais sur le moteur chinois. Mais cet argument ne fait plus mouche. « L'envolée des ventes d'automobiles en Chine résulte surtout de l'explosion de la distribution de crédit depuis deux ans », souligne Pierre Sabatier. Dès lors, celui-ci estime qu'au regard des récentes mesures de resserrement des conditions de crédit prises par les autorités chinoises pour éviter le risque inflationniste, l'environnement ne devrait plus être aussi favorable pour les contructeurs automobile en 2011. La menace de surchauffe est bel et bien réelle.
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