L'Élysée est venu lundi en renfort de Christian Estrosi pour...

le gouvernement apparaît très interventionniste sur le sort de la raffinerie que Total veut fermer, près de Dunkerque. Lundi matin, Christian Estrosi, omniprésent, sommait le groupe pétrolier de « reprendre immédiatement les négociations et de réunir à brève échéance son comité d'entreprise afin de clarifier sa position sur la pérennisation du site de Dunkerque. Soit, Total est en mesure d'apporter un projet précis et daté d'implantation de nouvelles activités, soit Total doit très rapidement redémarrer sa raffinerie des Flandres », lançait le ministre de l'Industrie.Et l'Élysée n'était pas en reste. Thierry Desmarest, président du conseil d'administration, a été reçu lundi matin au « Château ». Une mobilisation politique qui porte ses fruits puisque le comité central d'entreprise a été avancé au 8 mars (lire ci-contre). La proximité des élections régionales - le premier tour de scrutin aura lieu six jours après ce CCE - n'est vraisemblablement pas étrangère à cet activisme de l'État.Mais, plus globalement, les pouvoirs publics, qui, aujourd'hui font monter la pression sur la direction de Total, devraient aussi s'interroger sur leur responsabilité dans la situation actuelle. En favorisant depuis des années le diesel - la fiscalité (TIPP + TVA) pèse à 60,8 % sur les supercarburants contre 50,2 % sur le gazole - les gouvernements français ont favorisé la diéselisation du parc automobile. Depuis 1973, les parts respectives du gazole et de l'essence dans la consommation de carburants en France se sont presque inversées : celle du gazole est passée de 27 % à 80 % quand l'essence a fait le chemin inverse en tombant à 20 %. Ce faisant, l'État français a fragilisé davantage une activité déjà souffrante en Europe (voir ci contre) en accentuant un déséquilibre inhérent au processus de raffinage.Une raffinerie produit en effet un pourcentage presque fixe d'essence (25 %) et de produits intermédiaires (50 % de gazole, de fioul domestique et de carburant avions). Sauf à investir des centaines de millions d'euros pour doter les plus grandes raffineries d'une unité supplémentaire d'« hydrocraquage », ce qui a été fait par Total à Gonfreville, par exemple, les pétroliers se sont contentés d'écouler leurs surplus d'essence aux États-Unis, jusqu'à ce que la crise vienne donner un coup d'arrêt à ce débouché. Si certains gouvernements ont été parfois tentés de rééquilibrer les choses en réduisant les avantages accordés au gazole, ils ont rapidement renoncé devant la grogne de l'automobiliste-contribuable et électeur !Au-delà du soutien au diesel, la lutte contre le changement climatique pousse l'État à renforcer les efforts pour diminuer la consommation d'essence, relayant « la chasse au gaspi » des années 1970 et 1980. En octobre, Jean-Louis Borloo, Christian Estrosi et Chantal Jouanno lançaient le plan véhicules électriques avec un objectif de 2 millions de véhicules en 2020. Les dispositifs de la prime à la casse et le bonus-malus automobile ont pour résultat de sortir du marché nombre de véhicules gourmands en essence, sans compter la future taxe carbone qui, elle aussi, aura pour résultat de freiner la consommation de carburant.La crise économique a entraîné en 2009 une baisse inédite de la consommation de carburant en France. Et la chute est bien plus rude pour les livraisons de super (? 15,3 % en janvier 2010) que pour le gazole (? 5,4 %). Un groupe comme Total doit gérer des capacités excédentaires de raffinage et les déclarations tonitruantes des uns et des autres n'y changeront pas grand-chose.
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