Les élections britanniques divisent aussi la communauté des économistes

Les économistes se retrouvent happés eux aussi par les élections générales britanniques. À coups de lettres publiées dans les journaux, ils se retrouvent malgré eux d'un côté ou de l'autre de la principale ligne de fracture entre les conservateurs et les travaillistes : la vitesse de réduction du déficit public, qui sera de 13 % du PIB cette année.Les tories, favoris pour remporter le scrutin qui se déroulera probablement en mai, souhaitent une politique visant une réduction rapide. Ils promettent, s'ils sont choisis, un nouveau budget juste après leur arrivée à Downing Street (même s'ils ont récemment atténué leurs propos, parlant seulement d'un « début » de réduction en 2010). De leur côté, les travaillistes répliquent qu'une telle stratégie étoufferait la reprise économique, qui reste encore très fragile.Osborne crie victoireDans un tel contexte, les économistes n'ont guère d'autre choix que de prendre position. Une vingtaine d'entre eux ont tiré la première salve dans une lettre commune publiée il y a une semaine dans le « Sunday Times », soutenant apparemment la position des conservateurs. « Pour être crédible, l'objectif du gouvernement devrait être d'éliminer le déficit structurel pendant la prochaine législature [cinq ans, Ndlr], et il y a de forts arguments pour que les premières mesures prennent effet pendant l'année fiscale 2010-2011. » George Osborne, chancelier « fantôme » des conservateurs, en a tiré prétexte pour crier victoire. « C'est le moment où l'argument de Gordon Brown sur le déficit s'est écroul頻, a-t-il commenté.La réplique n'a pas tardé. Elle est arrivée ce vendredi dans le « Financial Times » sous la forme de deux lettres différentes mais allant dans le même sens, signées d'une trentaine d'économistes, dont deux Prix Nobel (Joseph Stiglitz et Robert Solow), cinq anciens membres du comité monétaire de la Banque d'Angleterre, et Jean-Paul Fitoussi, professeur à Sciences Po. « Le moment auquel les mesures (de réduction du déficit) doivent être prises devrait dépendre de la robustesse de la reprise », avance la première lettre. La seconde rappelle que si le déficit est très élevé, la dette « n'est pas hors de contrôle », avec un niveau prévu à 78 % du PIB d'ici à 2014-2015. Gordon Brown a ainsi eu sa revanche. Aux électeurs désormais de trancher. Eric Albert, à Londres
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