La Chine pousse les feux sur les cours du charbon

Le terminal de Newcastle (Australie), le principal port exportateur mondial de charbon, n'a pas connu la pause du Nouvel An chinois. La semaine dernière, les chargements des navires vraquiers ont augmenté de 15 % à 2,13 millions de tonnes. Ce qui a réduit le nombre de bateaux en attente de 55 à 47 alors qu'ils étaient 60 en décembre dernier. Le charbon australien peine pourtant à satisfaire aux besoins inextinguibles de l'empire du Milieu. La Chine investit beaucoup d'argent pour sécuriser ses approvisionnements énergétiques comme l'a montré au début du mois le contrat géant de 60 milliards de dollars (44 milliards d'euros) signé entre Ressourcehouse Ltd et China Power International Holding portant sur la fourniture de 30 millions de tonnes de charbon « vapeur » pendant vingt ans. Extrait de la mine China First dans l'État du Queensland, le minerai empruntera à partir de 2013 sa propre voie ferrée et sera chargé dans un port dédié qui a coûté 8 milliards de dollars, largement financé par les capitaux chinois. De quoi compenser le faible poids des réserves chinoises qui n'atteignent que 14 % du charbon en terre identifié dans le monde alors que le pays consomme 43 % des extractions de la planète.Pour l'heure, la Chine - malgré sa première place mondiale de producteur de charbon, avec près de 2.600 millions de tonnes (plus du double des États-Unis) - dépend encore trop de ses importations sur le marché spot. La China's National Energy Administration a d'ailleurs averti dès la fin janvier que la pénurie persisterait jusqu'au mois de mars en raison d'un hiver extrêmement rigoureux, le pire des 50 dernières années. L'appétit des chinois pour le charbon les a contraints à aller se fournir jusqu'en Afrique du Sud et aux États-Unis. Le groupe minier américain, Consol, a ainsi déjà vendu cette année 50.000 tonnes (+ 23 % sur l'ensemble de 2009) à destination de l'Asie. De sorte que les besoins engendrés par la croissance économique à deux chiffres de la Chine ont de lourdes répercussions sur le marché américain et plus généralement sur le bassin Atlantique. Il ne faut pas aller chercher ailleurs les raisons du rally qui s'engage sur les cours charbon vapeur coté sur le Nymex. Les cours se sont repris de 21 % depuis les plus-bas engendrés par la crise, alors même que les hauts-fourneaux des sidérurgistes américains ne fonctionnent aujourd'hui qu'à 68 % de leurs capacités, contre 91 % en août 2008. Les prix qui avaient plongé de 66 %, tombant à 42,2 dollars en avril 2009 ont déjà repris un peu de hauteur à 50,75 dollars. Mais ce n'est rien si on se fie aux projections des analystes. Un consensus calculé par Bloomberg sur la base de 11 analystes prévoit un prix moyen de 59,75 dollars cette année. Chez Jefferies & Co, Michael Dudas va même beaucoup plus loin pronostiquant un prix de 70 dollars la tonne. Christophe Tricaud
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