Google devra s'entendre avec les éditeurs

En reportant en fin de semaine dernière sa décision sur le projet d'accord entre Google et les auteurs et éditeurs américains - au sujet du vaste programme de numérisation d'ouvrages issus de bibliothèques -, le juge new-yorkais met le moteur de recherche au pied du mur. Il n'a pas fixé de nouvelle date et à repousser sans cesse la décision sur ce dossier, cela risque fort de rendre l'accord obsolète avant même son éventuelle entrée en vigueur. Certes, Google continue à numériser comme bon lui semble et sans accord des ayants droit, se vantant désormais d'avoir un catalogue de 12 millions d'ouvrages à son actif. Il n'empêche que son avenir dans le livre numérique risque d'être une impasse. À moins qu'il ne change son fusil d'épaule.changer d'approcheBeaucoup de professionnels commencent à trouver sa stratégie de numérisation à tout-va de plus en plus hasardeuse sur le plan économique. Car ce ne sont pas les extraits des millions de livres numériques que propose d'ores et déjà Google sur son site qui engendreront des revenus importants. Pour prendre des parts du futur marché du livre, il faut vendre des livres numériques, et donc trouver un accord avec les éditeurs.Google, qui préparerait pour l'été une tablette numérique concurrente de l'iPad d'Apple, doit se dépêcher de trouver un terrain d'entente avec les ayants droit. Les éditeurs ne cachent pas que si Google change son approche de la numérisation des livres et s'il propose de vendre leurs livres à un tarif acceptable selon leurs critères, ils sont ouverts à la discussion.l'exemple d'appleApple l'a bien compris, lui qui a réussi à trouver un accord, avant même le lancement de son iPad, avec cinq géants de l'édition nord-américaine (Penguin, Harper Collins, Simon & Schuster, Macmillan, et Hachette Book Group, filiale de Hachette Livre). La firme à la pomme les a convaincus grâce à une politique tarifaire acceptable, contrairement à celle d'Amazon. Alors que le libraire en ligne défend bec et ongles son prix de 9,99 dollars pour une nouveauté numérique - contre environ 27 dollars pour la version papier -, Apple, avec un prix de 14,99 dollars (voir « La Tribune » du 26 janvier), est nettement plus généreux avec les ayants droit. Avec cet accord, Apple a marqué une double victoire. D'une part, en se mettant du côté des éditeurs, car beaucoup estiment qu'Apple a sauvé leur modèle économique, et d'autre part vis-à-vis de Google et d'Amazon, sur qui il est en train de prendre une longueur d'avance.Amazon, qui possède son propre lecteur numérique, le Kindle, a déjà cédé du terrain en acceptant de revoir sa politique tarifaire pour les livres de l'éditeur Macmillan. Les nouveautés de l'éditeur américain seront désormais vendues sur Amazon entre 12,99 et 14,99 dollars, contre 9,99 dollars précédemment. Difficile d'imaginer que cet accord ne fasse pas tâche d'huile auprès des autres éditeurs comme il était difficile d'imaginer, il y a encore quelque temps, que des éditeurs arrivent à faire plier un géant aussi puissant qu'Amazon. Google sera peut-être le prochain à mettre de l'eau dans son vin.
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