samedi 9 octobre. 16 HEURES. résidence de la lanterne...

calé dans son fauteuil de jardin, Nicolas Sarkozy restait sourd aux appels de son fils Louis, qui l'invitait à le rejoindre dans la piscine. Piscine creusée du temps de Michel Rocard, aimait à rappeler, persifleur, le chef de l'État, devenu très susceptible sur la question des deniers publics. Le bilan de la semaine était mitigé. Certes, il avait créé un incontestable effet de surprise en remettant en jeu son mandat. La presse étrangère avait même salué son sens de la mise en scène. Mais les premiers sondages décortiqués par le toujours efficace Pierre Giacometti montraient que le pari était loin d'être gagné. Au premier tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy obtenait 28 %, juste devant le candidat socialiste, crédité de 27 % des suffrages. Dominique de Villepin raflait 10 % des voix... et Marine Le Pen 25 % ! De quoi donner des sueurs froides aux stratèges de l'UMP et des maux de tête aux sondeurs. La représentante de l'extrême droite était-elle sous-estimée ou surestimée ? Voilà pourquoi Nicolas Sarkozy était de fort méchante humeur.La télévision, branchée sur Public Sénat, retransmettait le conseil national du PS, où apparemment tout se passait plutôt tranquillement. Ils étaient finalement quatre candidats à se disputer les faveurs des sympathisants socialistes : Martine Aubry, soutenue par le message vidéo d'un Dominique Strauss-Kahn souriant et bronzé, Ségolène Royal, venue à la réunion dans une drôle de petite voiture électrique Heuliez, François Hollande, encore plus souriant et bronzé que DSK, et Manuel Valls, l'air sombre et nerveux. Là aussi sollicités, les sondages donnaient Martine Aubry en tête, devant Ségolène Royal et François Hollande. Manuel Valls était distancé. Mais devant le palais de la Mutualité les journalistes estimaient qu'une surprise était possible. Claude Guéant avait parié sur Martine Aubry et Franck Louvrier le défiait en plaçant ses billes sur François Hollande. Nicolas Sarkozy grimaça : « Ce ne sont pas des adversaires faciles de toute façon. Enfin, si je suis au second tour... » Ses deux fidèles s'insurgèrent contre cette flambée de pessimisme. Patrick Buisson avança que Marine Le Pen était quand même plus fréquentable que son père. Nicolas Sarkozy n'était pas convaincu. Le président trouvait que la fille de Jean-Marie Le Pen avait un esprit de revanche bien développé depuis qu'il avait siphonné les voix de l'extrême droite avec sa campagne musclée de 2007. Non, vraiment, il n'y avait pas de quoi se réjouir. Seule satisfaction : le naufrage de François Bayrou, qui ne savait même pas s'il pourrait se présenter à la présidentielle. Nicolas Sarkozy avait pourtant tendu la main au président du Modem ces derniers mois. Mais il y avait un geste que Nicolas Sarkozy refusait d'effectuer. Il restait sourd aux appels à la raison de Jean-François Copé, qui se déployait sur toutes les radios et télés. Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé lui avaient laissé des messages désespérés. Le premier le suppliait « d'enlever le croc de boucher qu'il avait dans la tête ». Le deuxième le priait de « faire le premier pas, le seul qui coûte ». Même le très sage Bruno Le Maire s'était exaspéré de voir la majorité se diviser « artificiellement à l'orée d'une difficile bataille ». Rien à faire, le chef de l'Etat ne voulait pas entendre parler d'une réconciliation avec Dominique de Villepin, qui, pour ne rien arranger, avait prévu d'aller parader une nouvelle fois en banlieue dans l'après-midi. Nicolas Sarkozy laissait donc la haine courir dans ses veines. Elle lui donnait la force de continuer...(à suivre... en septembre)
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