Un sas vers le CDI ou un emploi de seconde zone  ?

Chez les économistes, les politiques, les chefs d'entreprise ou les syndicalistes du monde entier, le travail temporaire compte des partisans et des détracteurs. Les premiers y voient un outil de flexibilité pour les entreprises et un tremplin pour les salariés cherchant un emploi durable, les seconds considèrent qu'il est synonyme d'emplois de deuxième classe, avec des salaires et des conditions de travail moins favorables que ceux des emplois pérennes. Récurrente, la question n'a jamais été véritablement tranchée, tant la situation varie selon les pays et le contexte économique. Directeur de l'Institut international d'études sociales de l'Organisation internationale du travail (OIT), Raymond Torrès reconnaît ainsi que « certains pays, notamment européens, offrent des droits et des garanties aux travailleurs temporaires », mais rappelle également que « le débat n'en est pas encore à ce stade-là dans des pays comme la Chine, où le défi est de créer un système de protection sociale, voire même aux Etats-Unis où le RMI n'existe pas et où la mise en place d'une assurance maladie universelle démarre à peine. » FlexibilitéL'OIT, qui estime que les « agences de travail temporaires jouent un rôle important dans le fonctionnement des marchés du travail modernes », fait sien le principe selon lequel le travail temporaire ne doit pas se substituer à des emplois permanents. C'était le cas jusqu'à présent en Espagne, où le marché du travail vient d'être réformé. Là-bas, un tiers des contrats de travail sont temporaires. « L'Espagne est un cas d'école et il existe un consensus des économistes et des politiques pour dire que le développement des CDD et de l'intérim est lié à un droit du travail rigide », selon Anne Saint-Martin, économiste à l'OCDE. Et pour savoir si l'intérim est un marchepied pour trouver un emploi durable, ce qui reste l'objectif final de nombreux salariés, l'OCDE a mené une récente enquête dans neuf pays européens. Celle-ci montre « qu'en France, la probabilité pour un jeune au chômage de décrocher un CDI est de 15 %. Un chiffre qui grimpe à 20 % s'il a un CDD ou est en intérim. En Italie, cette probabilité est inférieure à 10 % lorsque le jeune est chômeur et supérieure à 50 % lorsqu'il travaille de manière temporaire », souligne Anne Saint-Martin. I. M.
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