Utiles, les marchés à terme ?

Qui seraient les spéculateurs aujourd'hui montrés du doigt ? Tous les acteurs économiques de la filière agroalimentaire. Mais, à ce stade, on parle très peu des financiers, même si la spéculation est présente sous la forme de nouveaux entrants. Cependant, la nécessité vitale des produits agricoles a amené les États à intervenir sur les prix, provoquant une obligation de transparence sur les producteurs et négociants.La gestion des risques nécessitera un recours à des contrats adaptés. Toutefois, au lieu d'une financiarisation de l'agro-alimentaire, ne convient-il pas plutôt de parler de la désétatisation de l'agriculture européenne ? Ce débat, qui fait fureur dans le domaine des produits énergétiques, pourrait s'étendre au domaine des matières premières agricoles. L'histoire des marchés à terme de produits agricoles remonte à des temps très anciens, au coeur de l'Europe. Aujourd'hui, ils se développent de manière importante dans des Bric mais aussi dans le monde, bénéficiant de la création de marchés organisés de produits dérivés avec chambres de compensation, à côté des marchés déjà existants de gré à gré.La volatilité des prix des matières premières servant de support aux contrats doit être de grande ampleur. L'orientation prise par la Politique agricole commune visant à supprimer les prix minimum garantis, et tout contrôle des exports, a sans nul doute levé certains obstacles à la création de marchés dérivés. Certains attribuent le regain de volatilité constaté récemment, et dont l'Europe ne peut s'immuniser, au démembrement de la PAC.Un marché à terme pourra d'autant plus se développer que la matière première servant de support aux contrats est facilement standardisable. Cette condition explique, entre autres, le remarquable développement des marchés à terme de taux d'intérêt et d'indices boursiers. Les cas d'échec répété de marchés à terme organisés sont beaucoup plus nombreux que les cas de succès car le calibrage de nouveaux produits et de nouveaux marchés est très subtil.Un marché dérivé doit concentrer à tout instant un grand nombre d'acheteurs et de vendeurs et un ensemble diversifié d'opérateurs. Aussi, la viabilité de la création d'un nouveau marché dépendra de l'absence ou de la faible représentativité ailleurs dans le monde de marchés similaires, car la liquidité a tendance à se concentrer là où elle est la plus forte. Les spécifications du contrat doivent être adaptées aux besoins des professionnels et des utilisateurs potentiels du marché à terme. Il n'en demeure pas moins nécessaire, pour conforter le succès d'un marché dérivé, d'attirer les spéculateurs et les arbitragistes, car ils apportent la liquidité et facilitent ainsi les opérations de couverture des professionnels.L'émergence d'un marché à terme modifie souvent l'organisation structurelle d'un secteur économique, car l'ouverture d'un marché dérivé se fait souvent au détriment d'opérateurs, d'où le lobbying de professions de la filière agroalimentaire contre l'ouverture de marchés dérivés de produits agricoles. Une chaîne plus ou moins longue relie le producteur et le consommateur. À chaque maillon de la chaîne, une gestion du risque peut être mise en place et justifier la constitution de positions en produits dérivés.Le risque cédé par l'agriculteur doit être récupéré par une contrepartie. À ce niveau, les spéculateurs jouent un rôle précieux. Ils facilitent la rencontre entre l'offre et la demande de risque, améliorent la liquidité du marché.
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