Veillée d'armes chez les industriels de l'armement

«Réduire le budget équipement dès 2014 peut être une bonne pioche pour le gouvernement, car les licenciements chez les industriels interviendront bien plus tard », explique cyniquement un industriel du secteur. « Le temps de l\'industrie, qui travaille sur le moyen et le long terme, n\'est pas celui du politique, qui gère le court terme », regrette-t-il. D\'où les inquiétudes des grands patrons du secteur de la défense, qui ont toutefois pu passer le message, lundi 15 avril à l\'Élysée, au cours d\'un entretien d\'une heure et quart avec François Hollande, qui a été « très à l\'écoute et compétent sur les dossiers », selon un industriel. Contrairement à ce qui s\'était passé le 10 avril lors du dernier conseil de défense. De quoi ouvrir à nouveau des espoirs pour les industriels de l\'armement.Car ce qu\'ils redoutent le plus, c\'est une politique de rupture qui changerait le modèle des armées et, donc, sacrifierait des secteurs industriels. « Je n\'aimerais pas être le patron de Nexter en ce moment », explique-t-on au ministère de la Défense. Bref, entre une politique de rupture et une cuisine budgétaire habituelle avec étalements et/ou reports de programmes, certes pénible, pour les industriels, il n\'y a pas photo. « Depuis plusieurs années, les armées comme les industriels ont appris à ne pas demander tout et tout de suite, analyse un industriel. Ils acceptent des lacunes quand la pensée opérationnelle ou les prio-rités industrielles ne sont pas claires, comme le report pénible du programme de drone MALE, mais sont finalement intelligentes et responsables au plan budgétaire. Peu de couples industrie/client ont su gérer ainsi ce commencement de pénurie, en évitant les désastres. »Mais, à 29 milliards d\'euros de budget par an, comme le veut Bercy, la défense ne sait pas faire. « Nous sommes en cessation de paiement car dès 2014 nous aurons un problème de trésorerie immédiat », explique une source proche du dossier. Pourquoi? Parce que comme l\'expliquait à l\'automne le chef de l\'État-major des armées, l\'amiral Édouard Guillaud, « la défense est comme un grand navire lancé à 32 milliards d\'euros : on ne peut pas réduire sa vitesse aussi rapidement qu\'on le voudrait. »Quoi qu\'il arrive, la défense ne sera pas épargnée. Déjà, l\'État envisage de réduire la cible finale de l\'un des programmes les plus emblématiques, le Rafale, laquelle pourrait passer de 286 à 225 appareils à l\'horizon 2025. Le ministère de la Défense réfléchit également à baisser ses commandes d\'hélicoptères. Récemment, la direction générale de l\'armement (DGA) a obtenu un délai de deux mois avant de conclure, ou pas, une nouvelle commande d\'hélicoptères de transport NH90 (Eurocopter), qui devait être passée à la fin de mars. Et les directions financières des différents états-majors planchent sur les équipements des armées selon les différentes trajectoires financières encore en cours aujourd\'hui. À François Hollande, chef des armées et du combat pour l\'emploi, de trancher.
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