Les quotidiens français tentent de faire payer les internautes

Depuis plusieurs mois, les quotidiens français ont tourné casaque. Leurs sites Internet, gratuits pour la plupart, ont tous ouvert des zones payantes. Sans être aussi jusqu'au-boutiste que le « Times ». « Nous voulions être moins brutaux, et préserver l'audience et le succès du Figaro sur Internet », explique le directeur des nouveaux médias Bertrand Gié. Avec une audience comprise entre 6 et 7 millions de visiteurs uniques, selon Nielsen, Lefigaro.fr engrange 13 millions d'euros de revenus, essentiellement grâce à la publicité. Le quotidien du groupe Dassault, partant du principe qu'il est « très compliqué de faire payer de l'actualit頻, a laissé la quasi-totalité des articles du journal papier en accès gratuit, mais le quotidien du jour au format PDF est devenu payant. Au final, l'offre payante, qui coûte de 8 à 15 euros par mois, comporte peu de contenus (des éditos, le carnet du jour...), mais surtout des outils de médias sociaux et des services, comme l'accès aux biographies des dirigeants. Lancée en février, elle a attiré « quelques milliers » de clients, et espère en convaincre 50.000 d'ici 2013. Principal objectif : « préparer les esprits à l'arrivée de la mobilité, en particulier l'iPad ». Une application sera lancée sur la tablette d'Apple commercialisée dès vendredi en France. Son téléchargement sera gratuit, mais contrairement au site Internet, l'essentiel du contenu sera payant. Soit en achat à la journée via la tablette, soit via l'offre payante souscrite sur Internet. « Apple n'est pas enclin à développer les systèmes d'abonnements. Et de toutes façons, ils ne fournissent pas les données sur les clients, ce qui est embêtant », indique Bertrand Gié. Plus radical, « Libération » a décidé en septembre de réserver les articles du quotidien à ses abonnés, réduisant considérablement les contenus disponibles. « Il y a eu un petit impact en terme d'audience. Mais l'urgent était d'installer un modèle mixte gratuit-payant », indique Ludovic Blecher, à la tête du site. Le quotidien a convaincu 5.000 abonnés, dont 3.000 ont souscrit aux offres purement Internet (pour 6 à 12 euros par mois), les 2.000 restant étant des lecteurs du papier. « Cela représente 20 % des 20.000 abonnés du papier », souligne Ludovic Blécher. Comme pour « Le Figaro », l'abonné numérique accède aussi au journal sur son iPhone, et plus tard sur son iPad. « Nous avons développé une application enrichie de contenus multimédia, qui sera gratuite le premier mois de lancement grâce au sponsoring des parfums Diesel », explique le patron du site Internet. En revanche, l'achat à l'acte sur iPhone du quotidien n'a pas « un succès fou, mais est plébiscité par les abonnés ». Complémentarité papier-Web De son côté, « Le Monde », tout en proposant gratuitement sur son site la plupart des articles du papier, vendait entre 6 et 15 euros depuis 2002 une offre qui a conquis 100.000 abonnés. Fin mai, le quotidien lance avec l'iPad une offre couplée papier et numérique à 29,90 euros par mois (19,90 euros pendant les 3 premiers mois). Ici aussi, les articles du papier deviennent progressivement payants sur le Web - les deux tiers ont déjà basculé. « Cela s'est fait sans impact sur l'audience, preuve que papier et Web sont complémentaires », assure Philippe Jannet, PDG du Monde Interactif. Toutefois, la délicate question de la répartition des revenus de cette offre entre la maison mère et sa filiale Internet (détenue à 34 % par Lagardèrerave;re) est toujours en discussion. En revanche, pas de révolution chez les quotidiens économiques, où les articles ont toujours été en majorité payants. « La Tribune » compte ainsi 15.000 clients à une offre couplée papier et Web, plus 5.000 clients Web uniquement. L'objectif visé est de 40.000 abonnés dans deux ans. SANDRINE CASSINI ET JAMAL HENNI
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.