Les PME faiblement exportatrices sont plus fragiles que les autres

La France continue à s'affaiblir à l'export. C'est ce qui ressort du baromètre 2010 publié jeudi par Euler Hermes qui a interrogé 882 PME hexagonales exportatrices entre mai et septembre 2010. « Notre pays ne génère pas d'entreprises exportatrices et, pire, elle ne cesse d'en perdre », a souligné Ludovic Sénécaut, le président du directoire de l'assureur crédit, en présentant cette étude. 20.000 PME exportatrices ont ainsi disparu en 10 ans. Avec la sortie de crise, les exportations françaises ont, certes, recommencé à croître, dès la mi-2009. « Mais leur niveau reste encore très bas, inférieur de 6 % au pic atteint en 2008 », constate Karine Berger, chef économiste d'Euler Hermes. Une situation atypique, selon elle, car « rares sont les pays de l'OCDE qui n'ont pas retrouvé leur niveau d'avant crise » dans ce domaine. L'Asie monte en puissanceSans suprise, c'est surtout vers l'Europe (Allemagne, Belgique, Espagne et Italie, dans l'ordre) que vont ces exportations, à 69 %, soit 3 points de moins qu'en 2007. L'Asie monte en puissance, pour atteindre 11 % des exportations (contre 9,2 % en 2007), et l'Amérique perd du terrain, à 9 % contre 9,3 %. Pour ce qui concerne leurs intentions d'exportation, les PME visent en premier l'Allemagne, puis la Chine et les Etats-Unis. La Russie arrive au huitième rang, le Brésil et l'Inde se plaçant en onzième et douzième positions. « Des zones très risquées pour les PME », avertit Euler Hermes.Interrogées sur les freins à l'export, les PME citent en tête la volatilité des changes. « Les rentrées d'argent et les coûts sont libellés dans des monnaies différentes et à des périodes différentes, ce qui crée un effet de ciseau très fort sur la trésorerie », explique Karine Berger. Autres grands freins : l'insécurité des paiements à l'étranger et le manque de collaborateurs.Enfin Euler Hermes, grand observateur des défaillances d'entreprises, a tenté de voir si les exportations protégeaient ou fragilisaient les PME. Résultat : les défaillances sont sensiblement plus nombreuses dans les entreprises exportatrices que dans celles qui cantonnent leur activité à la France. En affinant un peu plus son étude, Karine Berger constate que les plus fragiles sont les sociétés réalisant 10 % à 50 % de leur chiffre d'affaires à l'étranger. « Elles sont déjà liées à l'export, mais sans avoir atteint un niveau suffisant. » Au contraire, les PME très exportatrices sont plus résistantes que la moyenne. « Au-delà d'un certain taux, elles peuvent se structurer», note Karine Berger. Odile Esposito
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