L'hirondelle chinoise fait le printemps en France

Il aura fallu quelques mois à l'Insee pour comprendre et expliquer le rebond surprise de la croissance tricolore au deuxième trimestre 2009. Rappel des faits. Alors que les économistes tablaient sur un repli moyen de l'ordre de 0,9% au cours de cette période, l'Institut a observé une augmentation du PIB de 0,3%.Ravi, le gouvernement a rapidement souligné la solidité de l'économie française et l'efficacité de ses mesures anti-crises. En revanche, cette robustesse a laissé les économistes sans voix."Il a fallu creuser un peu, multiplier les chantiers de réflexion pour trouver une explication solide", explique Sandrine Duchêne, la responsable de la division conjoncture à l'Insee. Un an plus tard, après investigations et calculs, dans un chapitre en marge de sa note de conjoncture dévoilée jeudi, l'Insee explique que cette performance provient du dynamisme de la demande intérieure de la zone Asie. "Elle aura fourni une impulsion significative à la demande mondiale, en premier lieu aux économies japonaise, américaine et allemande, directement, puis dans un second temps, par "effets d'écho directs et indirects" aux autre économies avancées dont la France", explique l'Institut.Le 586 milliards de $ du plan chinoisD'où provient cette frénésie consommatrice asiatique ? Essentiellement du gigantesque plan de relance chinois, d'un montant de 586 milliards de dollars, équivalent à 12% du PIB de l'Empire du Milieu, et dans une moindre mesure des autres plans de soutien de ses satellites. La Corée du Sud (65,7 milliards de dollars), la Thaïlande (48,6), la Malaisie (18,4), Singapour (13,6), l'Indonésie (6,3) ont également soutenu la reprise mondiale. Au total, les sommes injectées par les gouvernements de ces pays dans leur économie frôle les 800 milliards de dollars. En clair, c'est la classe moyenne émergente ou déjà bien réelle des économies asiatiques les plus dynamiques qui, en consommant des produits occidentaux, a permis aux économies avancées de sortir de la récession. Selon les calculs de l'Insee, cette impulsion asiatique a apporté 0,39 puis 0,32 point de PIB à la croissance tricolore au cours des deuxième et troisième trimestres 2009. Leurs modèles de croissance reposant en grande partie sur le dynamisme du commerce extérieur, le Japon (1,44 et 1,21 point de PIB) et l'Allemagne (0,53 et 0,41) ont été les principaux bénéficiaires de cette manne.Allez, la classe moyenne chinoise !Compte tenu de la vitesse de développement de la classe moyenne chinoise, la consommation des pays asiatiques, en particulier de la Chine peut-elle devenir un pilier durable de la croissance mondiale ? L'Insee n'y croit pas vraiment. "Leur capacité à tirer la croissance des économies avancées paraît limitée, compte tenu de la structure actuelle de la croissance mondiale et de la relative étroitesse de leur demande intérieure", estime ses économistes. A voir.Actuellement, entre 80 et 100 millions de personnes composent la classe moyenne chinoise, une catégorie de personnes ayant les moyens financiers de consommer des produits notamment "made in France". Selon les estimations du Centre national des informations chinois, cette classe pourrait voir sa population doubler d'ici cinq ans. De plus, sachant que la classe moyenne représente entre 75% et 80% de la population des économies avancées, contre moins de 10% en Chine, et du phénomène de convergence économique qui se profile, on peut penser que la classe moyenne chinoise n'a pas fini de grandir. Pour, peut-être, le plus grand bonheur des industries occidentales.
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