Le Trésor américain émet des titres à taux négatif

Désireuse de relancer les anticipations d'inflation pour éviter le spectre de la déflation, la Réserve fédérale semble pour l'instant en passe de réussir son pari. Alors que les intervenants attendent avec impatience les mesures supplémentaires « d'assouplissement quantitatif » (« QE » en anglais) que devrait annoncer le 3 novembre l'institution, l'émission ce lundi de 10 milliards de dollars d'obligations d'Etat à 5 ans indexées sur l'inflation (les « TIPS » en anglais) a été réalisée avec un rendement négatif médian de 0,635 %. Une première historique, puisque même au plus fort de la crise en 2008 les rendements, lors des émissions de papiers à très court terme, n'étaient jamais descendus dans le rouge. Avec ce placement, le Trésor américain a abondé la souche émise le 26 avril dernier assortie d'un coupon de 0,5 % et arrivant à maturité le 15 avril 2015. A l'époque, le rendement était ressorti à 0,43 % dans un environnement totalement différent. Evoluant en sens inverse des prix, le rendement des obligations classiques à 5 ans se situait aux alentours de 2,60 %. Depuis, les anticipations d'une reprise américaine vigoureuse se sont envolées, et le taux à 5 ans est tombé à un plus bas historique de 1,0686 % le 8 octobre dans le sillage de l'aversion pour le risque et des anticipations de rachats massifs de dette américaine par la Fed pour doper l'économie. « Le problème n'est pas tant que les anticipations inflationnistes soient particulièrement élevées. La principale raison pour laquelle le rendement de l'opération est ressorti en territoire négatif est que les taux des obligations classiques sont aujourd'hui extrêmement bas », souligne René Defossez, stratégiste taux chez Natixis.jouer le rebondDénommé « points mort d'inflation » (ou « breakeven » en anglais), la différence entre le rendement des titres classiques et celui des TIPS de même maturité donne une mesure de la hausse moyenne des prix attendue chaque année par le marché jusqu'à l'échéance du titre. Négatif en novembre 2008, le breakeven à 10 ans était ainsi remonté jusqu'à 2,4894 % le 11 janvier 2010, avant de sombrer à 1,4682 % le 25 août. Bien que les anticipations d'un « QE2 » l'aient fait rebondir à 2,19% ce mardi, ce niveau reste peu élevé historiquement. Les intervenants sont donc tentés de jouer son rebond dans la perspective d'un nouveau recours à la planche à billets. « Pour jouer la hausse des breakevens, tout en se protégeant du risque de hausse de taux qui pourrait accompagner le retour de la croissance et le rebond des prix, un investisseur peut notamment se porter acquéreur de TIPS et vendre à découvert des obligations d'Etat classiques de même maturité », souligne Etienne Gorgeon, directeur taux et crédit chez Rothschild IM.
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