Le secrétaire au Trésor Tim Geithner fait la leçon aux Européens

La visite éclair de Timothy Geithner en Europe, qui s'est achevée jeudi à Berlin, était-elle un acte d'empathie à l'égard d'un ami convalescent après l'énorme stress qu'a traversé la zone euro ? Ou s'agissait-il d'un avertissement à un partenaire dissipé ? Les deux. A Londres, mardi soir, le secrétaire au Trésor américain a distribué quelques bons points : « les dirigeants ont conçu un programme très solide de réformes sur le plan budgétaire et ont pris un engagement très fort sur le plan financier », a-t-il dit à l'issue de son entretien avec son homologue George Osborne. Mais il a aussi agité le carton jaune : « les marchés veulent voir des actes, ils veulent voir les gouvernements agir ensemble ». Les Seize tardent à finaliser l'impressionnant fond de sauvetage de la zone euro, habilité à lever jusqu'à 440 milliards d'euros garantis. Aux yeux des Américains, c'est l'engagement de la BCE, dont Timothy Geithner a aussi rencontré le président, plus que les promesses non encore réalisées des gouvernements, qui a permis d'arrêter la chute des marchés le mois dernier.« approche coopérative »A Berlin, l'impératif de la rapidité de réaction souligné à Londres avait cédé la place à celui de la coopération. Le cavalier seul de Wolfgang Schäuble pour tenter d'enrayer la spéculation sur la dette souveraine libellée en euros a déplu. Les Etats-Unis sont « totalement engagés en faveur d'une approche coopérative globale », a-t-il averti, laissant entendre qu'il en espérait autant des Européens. Aussi désireux que soient les Allemands de mettre au pli la finance, cette promesse de coopération ne sera pas assez pour les convaincre de contribuer au rééquilibrage économique global en renforçant leur demande interne. Ils restent sourds aux plaidoyers, qu'ils soient français ou américain, en faveur d'une modification de leur modèle économique. L'équilibre budgétaire n'est pas négociable, pas plus que l'autonomie tarifaire qui retire au gouvernement tout levier sur les salaires. La compétitivité externe reste la voie sacrée de l'Allemagne. Ce ne sont pas les signes d'une inflexion de la Chine sur ce point qui vont la faire changer d'avis.En dépit de préjugés bien installés sur son supposé « anti-européisme », Washington a plus d'une fois protégé les Européens contre leurs propres divisions. A-t-il cette fois-ci, au plus fort de la crise de l'euro, donner le coup de pouce décisif à la décision historique du 8 mai ? Absolument pas, répond-on à Berlin. « Il est faux de dire que l'on ne mesurait pas l'étendue du problème. Ce qui est arrivé serait arrivé, même si Obama n'avait pas décroché son téléphone », assure une source berlinoise. Le message délivré par Timothy Geithner est quoiqu'il en soit sans équivoque : Washington ne serait pas fâché de voir les Vingt-Sept plus unis.
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