De larvée, la guerre monétaire mondiale devient ouverte

Inutile de se voiler la face : une guerre monétaire insidieuse a commencé, dont l'euro tire pour l'instant une victoire à la Pyrrhus. Toujours par défaut et au grand dam des exportateurs de la zone euro, la monnaie unique a bondi mardi à un nouveau point haut depuis avril face au dollar, se hissant jusqu'à 1,3580. Dans cette guerre, chacun des protagonistes cherche à tirer les dividendes supposés bénéfiques d'une monnaie faible pour stimuler leur croissance après trois années de crise. En oubliant que tout le monde ne peut pas avoir simultanément une monnaie affaiblie. Le ministre des Finances brésilien, Guido Mantega, a même déclaré lundi que cette guerre n'était plus larvée mais qu'elle avait bien éclaté. L'affaire commence déjà à tarauder les futurs hôtes du G20, qui se déroule à la mi-novembre. Le responsable de l'organisation du sommet pour la présidence sud-coréenne, Sakong Il, a cru bon d'anticiper mardi qu'un compromis monétaire serait trouvé à Séoul. En attendant, les tirs d'artillerie se font entendre un peu partout dans le monde. Le Brésil continue d'intervenir quotidiennement sur le marché des changes pour freiner la hausse du real, tout comme bon nombre de ses voisins latino-américains. Brasilia vient même d'autoriser le fonds souverain du pays à intervenir pour vendre du real pour le compte de la banque centrale. Les interventions sont aussi le pain quotidien de bien des pays asiatiques, même si jamais ne seront dépassés les sommets atteints par la Chine, qui a engrangé des tombereaux de dollars pour garder le contrôle de l'évolution de son yuan. Et pourtant c'est aux pays dits industrialisés du G7, qui prônent la flexibilité depuis des années, que revient la palme de l'imagination interventionniste en matière de taux de change. C'est la Suisse qui avait ouvert le bal dès le début de l'an dernier, en donnant un sérieux coup de canif à sa traditionnelle neutralité monétaire. De mars 2009 à juin 2010 elle a conduit des interventions répétées et souvent massives pour empêcher son franc de monter et de rogner la compétitivité des exportations de la Confédération. En vain, la monnaie helvétique a pulvérisé au cours des dernières semaines des records historiques de vigueur face à l'euro et au dollar. Retour de la planche à billetsPuis à la mi-septembre, la Banque du Japon, démangée depuis des mois par la tentation, est sortie de six ans d'abstinence, procédant à une intervention impressionnante de plus de 20 milliards de dollars en une seule séance, pour casser la spirale haussière du yen. Et la semaine dernière, la Fed et la Banque d'Angleterre ont jeté de l'huile sur le feu en annonçant leur projet de faire à nouveau fonctionner la planche à billets, sonnant l'hallali pour leurs monnaies. Pour l'instant, la zone euro, pourtant toujours sous le choc de la crise de la dette souveraine, n'a pas trouvé la parade.
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