Les compagnies aériennes ont tenté de limiter la casse

transportUne annus horribilis qui clôt une decennis horribilis. » C'est ainsi que Giovanni Bisignani, le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata), résumait voilà quelques jours l'année 2009 pour son secteur, avant même que ne ressurgisse la menace du terrorisme. De fait, les compagnies de cette association (qui représente 93 % du trafic mondial, mais pas les low-cost) ont perdu cette année 11 milliards de dollars. Une performance d'autant plus terrible qu'elle fait suite à une année de pertes record (16,8 milliards), marquée par la flambée des prix du pétrole au premier semestre 2008, suivie d'un repli tout aussi brutal en fin d'année, pénalisant pour les compagnies qui avaient souscrit des couvertures les protégeant à la hausse, mais pas à la baisse. Ceci alors que le trafic commençait à baisser. Autant dire que les transporteurs aériens étaient entrés dans l'année 2009 très fébriles. Mais ils espéraient limiter la casse. Fin 2008, l'Iata table en effet sur des pertes globales limitées à 2,5 milliards de dollars. Un mois plus tard, elle se ravise en prédisant l'une des pires années du secteur. Et pour cause : le transport de marchandises, déjà en recul depuis plusieurs mois, plonge cette fois de plus de 20 %. Les industriels déstockent. Côté passagers, le trafic pique du nez aussi, avec un décrochage très net pour les déplacements professionnels. Les entreprises serrent la vis. Le nombre de voyages est réduit. Quand ils sont maintenus, ils se feront, non plus en classe affaires, mais en classe économique. Sur les vols de courte distance, le train ou les transporteurs à bas coûts sont privilégiés. Les recettes unitaires chutent. Résultat : les chiffres d'affaires des compagnies traditionnelles s'écroulent de 80 milliards en 2009, soit une chute de 15 % par rapport à 2008. Du jamais-vu. Même après les attentats du 11 septembre 2001, les recettes n'avaient baissé que de 7 %.En réponse, les compagnies accentuent les baisses de capacités. Des vols sont supprimés. Des avions sortent des flottes. Les suppressions de postes se multiplient. Les coûts sont réduits et la préservation du cash devient la priorité. Les investissements, essentiellement de flotte, sont revus à la baisse. Certains projets d'achat sont mis entre parenthèses.Pourtant, aucune grosse faillite n'est intervenue en 2009 (même si JAL est au plus mal) à l'inverse de la crise qui avait suivi le 11 septembre 2001. trésorerie confortableMieux, les transporteurs achèvent l'année avec des niveaux de cash confortables : ils ont globalement gonflé leur trésorerie de plus 38 milliards de dollars (25 milliards levés sur les marchés et 13 milliards avec la vente d'avions et de retour de lease). Air France-KLM, par exemple, a levé plus de 1,3 milliard d'euros à travers deux émissions d'obligations.In fine, les cartes ont été redistribuées. Les low-cost ont renforcé leur position. En particulier en Europe, où Ryanair et Easyjet sont les grands gagnants. Du côté des compagnies traditionnelles, Lufthansa en a profité pour prendre le leadership européen en raflant Austrian Airlines, Brussels Airlines et BMI. Aux dépens d'Air France-KLM, dont les pertes opérationnelles ont dépassé le milliard d'euros de janvier à fin septembre et dont le bilan a été endeuillé par l'accident du vol Rio-Paris le 1er juin, causant la mort de 228 personnes. n
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