Le marché de taux pèse sur le dollar

Il y a désormais un « moins » dans la corbeille du dollar qui tirait la couverture à lui depuis des semaines. Et qui explique partiellement sa volte-face vis-à-vis de l'euro : après avoir poussé une pointe jusqu'à 1,3270 vendredi dernier, un nouveau point haut de dix mois, il a dérivé mardi jusqu'à 1,3540, en dépit d'un bon chiffre de la consommation des ménages américains, dont les dépenses ont progressé de 0,3 % en février et de l'anticipation d'un net redressement des créations d'emplois aux Etats-Unis. Le dollar souffre désormais d'un handicap très exceptionnel aux Etats-Unis : la dégradation du « swap spread », le premier des spread de crédit. Il mesure l'écart entre la courbe des taux des swaps dix ans - les produits financiers que les entreprises ou les banques s'échangent pour passer de revenus variables à revenus fixes et qui sont leur instrument de couverture privilégié - et les rendements des emprunts d'Etat de même échéance. Cet écart est désormais négatif : le rendement de l'obligation souveraine des Etats-Unis est supérieur au taux des swap depuis le 23 mars, alors qu'en moyenne avant le déclenchement de la crise, ce différentiel était positif de quelque 50 points de base. Cette situation est rarissime pour un émetteur souverain noté triple A - la Grande-Bretagne et la France sont néanmoins dans le même cas - et en dit long sur les inquiétudes concernant les finances publiques de l'Oncle Sam, estime Cyril Regnat, stratège chez Natixis. Et d'expliquer que cette inversion atypique, qui a atteint - 10 points de base le 24 mars, tient à la conjonction de plusieurs facteurs. La dégradation a commencé fin 2008, sous l'effet du gonflement du déficit public des Etats-Unis, qui atteindrait 10,4 % du PIB cette année. Elle s'est aggravée fin janvier alors que la Réserve fédérale venait de boucler son programme de rachat de 300 milliards de dollars d'emprunts d'Etat. L'ampleur du programme d'émission de l'Etat fédéral, qui devrait dépasser 2.000 milliards de dollars cette année, après 1.900 milliards en 2009 et les menaces que font peser les agences de notation sur la note de la dette souveraine américaine, même si son triple A reste assorti d'une perspective positive, ont accentué les pressions. Le programme de réforme de l'assurance santé du président Obama, voté au forceps, qui a provoqué une tension sur les rendements longs, a fait le reste. Mardi, le taux des emprunts d'Etat américains à dix ans s'est tendu à plus de 3,88 %, frôlant ses plus hauts niveaux depuis juin dernier. Le marché, qui s'était récemment obnubilé sur les finances publiques d'Athènes, sacrifiant l'euro sur l'autel de la dette grecque, a peut-être trouvé un bouc émissaire alternatif. nLa dégradation a commencé fin 2008, sous l'effet du gonflement du déficit public des Etats-Unis.
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