Dexia : « Nous avons été naïfs et trop obéissants »

Lors d'une conférence de presse, Jean-Luc Dehaenne et Pierre Mariani, les deux hommes forts de Dexia, ont chargé les anciens dirigeants et, sans la nommer, l'actuelle directrice du FMI, Christine Lagarde
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Une page se tourne pour Dexia. Le coup d'envoi du démantèlement de la banque franco-belge a été donné ce lundi. Le conseil d'administration de la banque a validé la nationalisation de Dexia Banque Belgique (DBB) pour 4 milliards d'euros, la vente de la filiale luxembourgeoise Dexia Banque Internationale à Luxembourg (DBIL) à la famille royale du Qatar et l'entrée en négociation exclusive avec la Caisse des Dépôts et Consignation et La Banque Postale sur un accord relatif aux financements des collectivités locales françaises. Ce plan de sauvetage comprend aussi une garantie de 90 milliards d'euros apportée par les États belge (60,5 %), français (36,5 %) et luxembourgeois (3 %) pour assurer les financements émis par Dexia SA et sa filiale Dexia Crédit Local.

La restructuration de la banque est une réponse à la crise de la dette de la zone euro dont Dexia fait les frais. « Ce n'est pas un problème de capitalisation mais de liquidité interbancaire en Europe qui nous pousse a prendre ces mesures », ont tenu a rappelé lors d'une conférence de presse Jean-Luc Dehaenne et Pierre Mariani, respectivement président du conseil d'administration et administrateur de Dexia. Pour les deux hommes forts de la banque, la recapitalisation de 2008 était une réponse inappropriée aux problèmes de l'entreprise. Rappelant que l'héritage du passé, sous-entendu de l'ancienne direction, devenait difficilement gérable. « À notre arrivée en 2008, Pierre Mariani m'a fait remarqué que ce n'était pas une banque que nous récupérions mais un hedge fund », se souvient Jean-Luc Dehaenne qui demande que les anciens responsables [en l'occurrence Pierre Richard et Axel Miller, Ndlr] fassent leur examen de conscience et que certains arrêtent de donner des leçons. Pierre Mariani, qui assume ses responsabilités, regrette de ne pas avoir eu le temps pour mener à bien sa mission. « Deux ans de plus auraient été nécessaires ». Et ajoute : « Notre naïveté a été d'être trop obéissant vis-à-vis des demandes gouvernementales venant notamment de la part d'une personne qui est aujourd'hui à la tête du FMI [ne pas céder ses titres souverains pour ne pas aggraver la situation grecque, Ndlr]. » Suivez mon regard...

80 milliards de dépôts

La nationalisation de DBB était le meilleur moyen de protéger la banque de détail, qui compte 80 milliards d'euros de dépôts, a estimé Pierre Mariani. Mais l'État belge ne reprend pas tout DBB, puisque les 49 % de Dexia AM détenus par DBB ne sont pas apportés dans la corbeille et sont à vendre. Le solde étant entre les mains de DBIL. De même, Dexia Sabadell, DexiaCrediop et Dexiakommunalbank-Deutschland ne sont pas cédées, les conditions de marché n'étant pas favorables. Reste le volet social. Chaque collaborateur du groupe se verra proposer un emploi dans les entités opérationnelles en Belgique, France et Luxembourg. « C'est un minimum », a déclaré Pierre Mariani.

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