La barbotine est une appellation typiquement française ? ailleurs on parle de majolique -, c'est une pâte délayée de sable, d'argile et de marne que les faïenciers utilisent par coulage dans un moule et qui est ensuite recouverte de vernis. Beaucoup d'antiquaires utilisent à tort l'expression barbotine pour désigner des pièces aux ornements en gros relief, voire des trompe-l'oeil revêtus de glaçures polychromes: une barbotine ne désigne que des décors simples à base d'enduits terreux.

Ces objets riches en couleurs et très populaires entre 1890 et 1940 sont essentiellement des vases, des tirelires, des cache-pots et des pichets que l'on utilisait quotidiennement, d'abord dans le Nord et l'Est de la France ainsi qu'en Belgique, puis un peu partout y compris aux Etats-Unis où ils sont désormais très recherchés. Les principales manufactures de barbotines sont en Flandres (Desvres, Onnaing, Saint Amand), en Lorraine (Sarreguemines,Saint Clément) en Franche Comté (Clairefontaine, Salins), en Ile-de-France (Creil, Montereau) et dans la vallée du Rhône (Poêtlaval et Saint Uze). Beaucoup ont fermé, mais quelques unes poursuivent une production sous forme de créations, de rééditions voire de copies.

Si les vases et cache-pots ont essentiellement une décoration florale basique, les tirelires, les pots à tabac et surtout les pichets représentent des animaux ou des personnages parfois de manière drolatique. Ces cruches (appellées aussi canettes) sont les plus recherchées et deviennent rares sur un marché d'initiés. Les modèles animaliers les plus courants sont le canard, le coq, le perroquet, le chat, le cochon ou le singe alors que soldats, politiciens et gendarmes sont les personnages les plus usuels.

Les amateurs s'attachent autant à la représentation et à la qualité du fini qu'à l'authenticité et font très attention au marquage sous le pied, une tache ardue car si Onnaing, Sarreguemines ou Saint Clément ont des signes assez distinctifs, les autres manufactures n'affichent au mieux qu'un numéro peu identifiable. Travail d'autant plus complexe que plusieurs manufactures ont copié au début du XXème siècle des modèles à succès: ainsi une faïencerie anglaise a repris des modèles "Grotesques" de Sarreguemines avec une finition que seuls les experts peuvent repérer.

Les objets, fragiles, sont devenus rares, et les prix jusqu'alors très abordables ne cessent d'augmenter: compter autour de 150 euros pour une reproduction, 450 euros pour une copie d'époque, plus de 750 euros pour un modèle ancien, plus de 1.000 euros pour un personnage historique. Face à cette hausse tarifaire, des copies italiennes voire chinoises font leur apparition. Mieux vaut leur préférer une barbotine récollée (souvent maladroitement) ou restaurée, car un modèle similaire en parfait état ne se retrouve qu'exceptionnellement. Il ne faut pas perdre de vue que ces objets étaient d'un usage familial courant pendant des décennies.

Le 6 janvier, dans un ensemble varié , bijoux, meubles, tableaux, se retrouvent également aux enchères à Nancy quelques barbotines estimées bassement autour de 100 euros. La plupart des vacations dédiées tout au long de l'année aux arts populaires présentent des barbotines d'assez bonne tenue, ce qui n'est pas toujours le cas dans les brocantes où la majorité des pièces sont au mieux des rééditions, au pire des copies récentes.

Le 6 janvier, 14 h, Anticthermal, 54000 Nancy, renseignements: www.interencheres.com