La France, championne des sommets

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Autour de la table du G20, il y a trente pays et institutions. Dont trois dirigés par des Français (Sarkozy, Strauss-Kahn pour le FMI, Lamy pour l'OMC), soit un dixième de l'effectif. Pour ceux qui s'étonneraient de cet entrisme français, ou qui seraient tentés d'en minimiser l'importance, un petit rappel historique ne sera pas de trop.

La France a depuis des siècles développé l'art de se trouver là où se jouent les grandes décisions et de tirer la couverture à soi, quelle que soit la force de sa position de départ. En septembre 1783, la victoire définitive des Etats-Unis sur l'Angleterre est signée à Paris : Louis XVI a dépensé une fortune pour aider les insurgés du Nouveau Monde et n'en retire que peu d'avantages matériels, mais le triomphe diplomatique est pour lui.

Au Congrès de Vienne destiné à dépecer l'empire de Napoléon, qui se tient d'octobre 1814 à juin 1815 (on savait prendre son temps, à l'époque), Talleyrand représente les vaincus? et réussit à se faire admettre à la table des vainqueurs. Non seulement, il limite les dégâts pour la France mais il réussit à faire admettre des idées libérales sorties tout droit de la Révolution française par les Quatre (Autriche, Prusse, Angleterre, Russie).

Un siècle après, George Clemenceau préside la Conférence de Paris. La France a gagné la guerre de 1914-1918, à quel prix terrifiant ! La puissance est passée dans le camp des États-Unis. Le Français parvient à obtenir presque tout ce qu'il réclamait lors du traité de Versailles (juin 1919), l'Alsace et la Lorraine, bien sûr, mais aussi l'éclatement de l'Autriche-Hongrie et la condamnation morale et financière de l'Allemagne. Keynes dénoncera les conséquences économiques de la paix, car Paris remporte une victoire à la Pyrrhus.

Paradoxalement, la France battue à plate couture par l'Allemagne en 1940 ne se sortira pas si mal d'une victoire finale sur le nazisme à laquelle elle n'a pris qu'une part mineure. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, à Berlin, le maréchal Keitel venu signer la capitulation allemande a un mouvement de recul en apercevant de Lattre de Tassigny, qui a réussi en piquant une colère à se faire admettre parmi les vainqueurs : "il y a même les Français, c'est un comble !" La France sera puissance occupante outre-Rhin jusqu'en 1990 et aura son siège permanent à l'ONU. Finalement, seul de Gaulle n'a pas pu se faire inviter aux grandes conférences de la Seconde Guerre, Yalta et Postdam (février et juillet 1945). Il saura montrer son dépit à l'Angleterre et aux Etats-Unis jusqu'à la fin de sa vie.

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Sophie, c'est un très bon papier qui prend un peu de hauteur. On te retrouve bien là. Amitiés Odile

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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C'est le propre de la pensée française qui est forte dans les idées mais moins souvent dans l'action.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Excellent!

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