La France, un reflet de l'Europe

Par Erik izraelewicz, directeur de la rédaction de La Tribune.

En France, on va donc parler d'un séisme politique. Les élections d'hier ont été, il est vrai, pleines de surprises. La victoire du parti au pouvoir, l'UMP. L'effondrement de ceux qui avaient appelé, avec le plus d'insistance, à sanctionner Nicolas Sarkozy - le PS et le Modem. La percée, spectaculaire, des Verts - Daniel Cohn-Bendit écrasant François Bayrou et venant talonner Martine Aubry. L'émiettement des oppositions en tout genre - les extrêmes, de gauche et de droite notamment. Tout cela n'allait pas de soi.

La crise aurait pu être fatale au pouvoir en place. Elle aurait pu favoriser les opposants les plus bavards. Il n'en a rien été. Ce mini-tremblement de terre va animer, à coup sûr, la vie politique française. Ce scrutin était pourtant, faut-il le rappeler, européen. Et ce qui frappe, c'est que l'on retrouve, dans les vingt-sept pays de l'Union, les mêmes évolutions que celles observées en France.

Un. Partout ou presque, l'abstention a atteint des niveaux records. C'est un échec de l'Europe - si l'on veut. Elle n'intéresse pas. C'est surtout un échec de nos dirigeants politiques actuels. Ils n'ont pas réussi à convaincre l'opinion de la nécessité de voter, ni de l'importance de ce parlement. En France, c'est l'échec de la réforme du système électoral. Celle-ci devait rapprocher les citoyens de leurs eurodéputés. Les citoyens ne l'ont pas perçue ainsi.

Deux. Partout ou presque, les conservateurs au pouvoir ont plutôt bien résisté - c'est le cas notamment en Allemagne, en Autriche ou en France. Dans la tempête, face à la plus grave crise économique que nous ayons connue depuis cinquante ans, les Européens se disent ainsi sinon satisfaits, en tout cas plutôt rassurés par ceux qui les dirigent. De fait, la droite, avec le PPE, renforce son emprise sur le parlement européen.

Trois, enfin. Partout ou presque, la social-démocratie enregistre un sévère revers. La crise aurait pu être pour les sociaux-démocrates et les socialistes européens un formidable tremplin. Elle venait sanctionner un système qu'ils avaient toujours dénoncé. Incapable de proposer en réalité une alternative crédible, la gauche européenne - contrairement à la gauche américaine - n'a pas su en tirer parti. L'Europe existe. Sur le plan politique, elle se comporte déjà comme un corps unique. Dommage qu'elle exprime son existence par l'abstention et l'émiettement des oppositions.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Mais le PS avec Aubry ne sont pas là pour s'opposer mais pour valoriser la droite et en l'occurence sarkosi et fournir un "panel" de ministres dans le cadre de l'ouverture. Malgré tout le choix devient difficile après : kouchner, bockel, hirch, le...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.