"Big bang" dans la gestion d'actifs

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

On savait que la gestion d'actifs allait connaître une vague de concentrations. Que la profession ne pourrait pas rester inerte face à la violence d'une crise financière qui a vu l'effondrement des marchés boursiers se conjuguer avec des retraits massifs d'argent par les investisseurs. En 2008, ce sont ainsi 470 milliards de dollars d'encours gérés qui se sont envolés et près de 1.000 fonds qui ont été liquidés.

On savait aussi que cette vague toucherait peu d'acteurs, mais emporterait les plus gros d'entre eux. En quelques mois, Credit Suisse a cédé sa gestion traditionnelle au britannique Aberdeen, Crédit Agricole et Société Générale ont rapproché leurs filiales pour créer le deuxième acteur français et quatrième européen. Enfin, la banque Standard Chartered s'est désengagée de ce métier au profit de Threadneedle.

Mais aucune de ces opérations n'a l'ampleur de celle annoncée à la veille du week-end. Le rachat de BGI (Barclays Global Investors) propulse l'américain BlackRock au premier rang mondial, avec 2.700 milliards de dollars d'encours, l'équivalent du PIB français !

Cette vague de fusions géantes dans la gestion d'actifs a deux grandes explications. La première est externe : les banques, éreintées par la crise, ont besoin de reconstituer leurs fonds propres. Barclays était dans ce cas : son exposition aux produits financiers toxiques a fait d'elle l'établissement britannique le moins bien capitalisé. Vendre BGI, une activité ayant de faibles synergies - et des incompatibilités réglementaires outre-Atlantique - avec ses métiers de banque de financement et d'investissement, lui permet de se tirer de ce mauvais pas.

L'autre explication touche à la nature même de la gestion d'actifs, métier de volumes. La baisse significative des encours conduit les professionnels à rechercher non seulement les réductions de coûts, mais aussi les économies d'échelle. L'acquisition de BGI par BlackRock est, de ce point de vue, pleinement justifiée. Mais elle reste un pari. Intégrer des équipes dans les activités financières n'est jamais chose facile. Le gestionnaire américain peut toutefois se prévaloir, sur ce point, d'avoir un bon "track record". D'avoir fait ses preuves en absorbant, sans trop de casse, Merrill Lynch Investment Managers en 2006. Que les concurrents se le disent, le "big bang" de BlackRock a de grandes chances de réussir.

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