La banque revisitée

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

La crise a fait son tri. Deux ans après l'éclatement de la bulle financière, la publication des résultats du premier semestre des grandes banques européennes et françaises fait clairement apparaître les gagnantes et les perdantes. Les premières, pour la plupart, sont des établissements aux activités de banque de financement et d'investissement réduites, et qui n'avaient pas gonflé leurs performances aux actifs toxiques.

C'est le cas des géants espagnols, Santander et BBVA, et plus modestement des banques italiennes. On peut aussi classer dans cette catégorie de petits établissements comme Nordea, le scandinave, ou Rabobank, le néerlandais. Outre-manche, Barclays engrange les fruits de son entêtement à refuser l'aide de l'Etat, de ses augmentations de capital réussies, ainsi que de la vente de sa gestion d'actifs à Blackrock. Ses compatriotes HSBC et Standard Chartered bénéficient, eux, de leur forte implantation dans l'Asie émergente.

Mais c'est sans doute en Suisse et en France que la crise a le plus bouleversé la donne. C'est éclatant avec l'inversion du rapport de force entre Credit Suisse, ressuscité, et UBS, dont la descente aux enfers se poursuit. L'accord signé mi-août entre le fisc américain et la première banque privée mondiale aura du mal à enrayer les retraits de riches clients déboussolés et inquiets.

A Paris, BNP Paribas surclasse tous ses compétiteurs, que ce soit par le produit net bancaire, la taille de ses activités de banque de financement et d'investissement, et sa rentabilité. Même sa principale faiblesse, son réseau français d'agences trop petit, est éclipsée par l'absorption de Fortis en Belgique qui lui offre un véritable continuum territorial. La Bourse salue cette envolée, la capitalisation boursière de BNP Paribas équivalant désormais à celles de la Société Générale et de Crédit Agricole SA réunies.

Avec sagesse, la Banque verte, à qui la reprise du Crédit Lyonnais avait semblé donner un avantage décisif, avec un tiers du marché hexagonal de détail, reconnaît l'échec de ses grandes ambitions et s'éloigne du modèle de banque universelle "à la française" en réduisant la voilure de sa banque d'affaires, Calyon. Un choix parallèle à celui fait par BPCE, né de la fusion des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne, avec sa banque de gros Natixis. On n'avait pas assisté à pareil changement depuis une décennie.

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