L'assurance-vie sans assurance-vie

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Attention aux lendemains qui déchantent... L'assurance-vie, déstabilisée en 2008 par une éphémère remontée des taux du livret A, a retrouvé son statut de "placement préféré des Français". Mois après mois, la collecte progresse de 10%, au moins, certaines structures connaissant même des hausses inédites comme l'Afer ou l'Agipi.

Mais l'embellie ne doit pas masquer les deux épées de Damoclès qui pèsent sur tous les souscripteurs. La première, récurrente, tient au désir du gouvernement de "raboter les niches fiscales". Dans ce cas spécifique, la voie choisie ne serait pas celle du coup de rabot général de 10% annoncé jeudi par François Fillon, mais celle d'une taxation accrue sur l'assurance-vie en euros à capital garanti, celle qui séduit une majorité de Français ! Le but est officiellement de réorienter l'épargne vers les actions, la réalité est sans doute un rien plus prosaïque : augmenter les recettes de l'Etat.

La seconde épée de Damoclès est plus inquiétante encore. La crise grecque a réveillé la peur d'un krach obligataire, voire d'un défaut d'un Etat. Parole d'experts, toutes les conditions sont réunies. Les taux d'intérêt à long terme sont anormalement bas, les déficits et les stocks de dettes publiques sont dangereusement élevés et les émissions d'obligations des pays d'Europe, des Etats-Unis et du Japon explosent. De quoi alarmer les assureurs français qui ont placé, en moyenne, le tiers de leurs actifs en obligations d'Etats de l'OCDE. Tous redoutent une dévalorisation brutale de ce portefeuille.

Les Français devront s'y faire. Si le capital de leur placement préféré est garanti, c'est loin d'être le cas des rémunérations qu'il leur procure. En matière d'épargne, il n'y a pas d'assurance tout risque.

 

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