Rémy Pflimlin va hériter dimanche du fauteuil de président de France Télévisions. Un des postes de patron d'entreprise publique les plus en vue dans notre république. Et pas seulement pour la vue imprenable qu'il offre sur la Seine.
Le petit écran est un lieu de pouvoir. Rémy Pflimlin, déjà passé par cette maison, le sait. Mais son défi principal ne se situe pas sur le terrain des programmes. Car France Télévisions est une entreprise qui doit notamment déplacer des ressources et des collaborateurs vers de nouveaux services et les nouveaux médias.
Patrick de Carolis avait déjà bien engagé la transformation du groupe, et son successeur hérite d'une situation assainie. Mais Rémy Pflimlin, qui va devoir définir et conduire une stratégie dans un contexte social et économique difficile et face à une concurrence redoublée, part avec un handicap de taille : le temps. A-t-il mesuré qu'à peine son premier coup de fil de président de France Télévisions passé, le compte à rebours de la fin de son mandat sera lancé ? En fait de fauteuil, c'est sur un sablier qu'il s'assoit. Ni plus ni moins que ses prédécesseurs d'ailleurs.
La comparaison avec les chaînes privées est sans appel. Depuis la privatisation de TF1 en 1987, la Une a eu deux patrons avec Patrick Le Lay et, depuis 2007, Nonce Paolini. Même longévité chez M6 où Nicolas de Tavernost n'a eu qu'un seul prédécesseur, Jean Drucker. Deux patrons en 23 ans alors que, dans le même temps, la télé publique en essaye un huitième.
Les Carolis, Tessier, Gouyou-Beauchamps et autres Bourges avaient-ils tant démérité ? Non, loin s'en faut. Le drame est bien là. Rémy Pflimlin risque de ne pas être davantage jugé sur son bilan que les précédents. Comment bâtir dans de pareilles conditions ? Son temps est compté et sa réussite (ou pas) ne sera pas nécessairement un critère pour gagner (ou pas) un second mandat... Convoquer des élections présidentielles ou législatives tous les cinq ans a un sens. Changer le patron de France Télévisions au même rythme n'en a aucun.
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