Xavier Huillard : "Ecouter tous les discours sur l'entreprise, même ceux qui nous déplaisent"

Entretien avec Xavier Huillard, PDG de Vinci et président de l'Institut de l'entreprise.
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Xavier Huillard, président-directeur général de Vinci, succédera ce mardi à Michel Pébereau à la tête de l'Institut de l'entreprise. La Tribune est partenaire de la table ronde qui suivra l'assemblée générale de ce cercle patronal, au cours de laquelle seront présentés les résultats d'un sondage sur l'image des dirigeants.

Vous prenez ce mardi la présidence de l'Institut de l'entreprise. Quelles orientations voulez-vous donner à ce centre de réflexion patronal ?

Tout d'abord, laissez-moi vous dire que, si le choix s'est porté sur moi lorsqu'il s'est agi de trouver un nouveau président à l'Institut de l'entreprise, c'est probablement en raison des spécificités du groupe Vinci. J'en citerai trois : c'est un groupe que ses métiers placent à mi-chemin du monde de l'industrie et du monde des services ; c'est un groupe très ouvert sur l'international, mais avec un fort ancrage dans l'Hexagone ; enfin, c'est un groupe de grande taille, mais dont l'organisation est telle que la culture de la PME y reste très forte. S'agissant de l'évolution de l'Institut, j'entends poursuivre le recentrage engagé depuis 2007 par mon prédécesseur, Michel Pébereau. L'Institut n'est pas à proprement parler un "think tank" : nous n'avons pas vocation à produire de la contre-expertise sur des politiques publiques qui seraient sans rapport direct avec le monde de l'entreprise. Nous ne sommes pas non plus un lobby. Nous sommes d'abord un cercle de dirigeants d'entreprises ; un cercle dont la vocation est de réfléchir, mais aussi d'agir face aux différents défis - managériaux, économiques et sociétaux - auxquels nos entreprises sont aujourd'hui confrontées.

Vous ne vous livrerez donc pas au chiffrage des programmes électoraux, comme en 2007 ?

L'Institut de l'entreprise ne sera pas absent de la campagne de 2012. Mais je souhaite consulter nos adhérents avant de définir les grands axes de notre intervention.

Quels nouveaux axes allez-vous développer ?

La plupart de nos actions s'inscrivent dans la durée. Ainsi, je crois beaucoup à l'Institut des hautes études de l'entreprise, qui, depuis onze ans, permet de mieux faire connaître le monde de l'entreprise à des hauts fonctionnaires, élus, syndicalistes ou journalistes. Je souhaite également poursuivre les actions que nous conduisons à destination du monde enseignant. Au-delà, je voudrais que l'Institut s'ouvre encore davantage à l'international. À sa création, l'Institut a joué un rôle très utile en mettant les entrepreneurs français au contact des pratiques managériales américaines ou japonaises. Aujourd'hui, nous avons beaucoup à apprendre sur les innovations managériales que développent les entreprises en Inde, en Chine ou encore au Brésil. Je voudrais également que l'Institut soit un lieu de dialogue entre l'entreprise et ceux qui évoluent dans son environnement. Nous devons être à l'écoute de tous les discours sur l'entreprise - même lorsqu'ils sont déplaisants à entendre. Notre intérêt est de comprendre en profondeur les critiques qui nous sont adressées. Cette ouverture est nécessaire pour renouveler en permanence, dans ses méthodes comme dans ses arguments, le travail de pédagogie de l'entreprise auquel se livre l'Institut. Le cas échéant, lorsque les critiques qui nous sont adressées recouvrent une part de réalité, elle doit aussi nous conduire à faire évoluer nos organisations. Enfin, je souhaiterais que l'Institut ne soit pas seulement un lieu où les chefs d'entreprise se retrouvent pour réfléchir. Beaucoup d'entre eux sont plus à l'aise dans les actes que dans les mots. Nous pouvons aussi impulser des actes, faire en sorte que des adhérents se déclarent collectivement favorables à changer leurs pratiques dans telle ou telle direction.

Un débat semble se nouer au sein du monde patronal entre ceux qui insistent sur la nécessaire réduction du coût du travail et ceux qui estiment nécessaire de privilégier la formation et la qualification des salariés. De quel côté penchez-vous ?

La question du coût du travail non qualifié est une question majeure. Mais la stratégie visant à tirer les prix, donc les coûts, vers le bas me semble vouée à l'échec. Dans les métiers du groupe Vinci, ce que je constate d'abord, c'est la nécessité de tout faire pour élever les qualifications, afin d'offrir à nos clients plus de valeur ajoutée.

Sur quels points souhaiterez-vous insister auprès des différents candidats, dans la campagne électorale qui s'annonce ?

Nous n'avons évidemment pas vocation à prendre parti pour tel ou tel. Mais, du point de vue des entreprises, ce qui me paraît fondamental, c'est une meilleure prise en compte des enjeux collectifs de long terme. Au sein de chaque entreprise, ce sont plusieurs générations qui coexistent ; une vision de long terme des priorités stratégiques est la seule garantie d'un équilibre durable entre les générations.

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