Banques : où est la transparence ?

Par Marc Fiorentino, allofinance.com
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Ce qui me frappe dans la crise actuelle, c'est le fait que l'on n'a finalement tiré aucun enseignement de la crise financière de 2008.

Plus jamais ça, nous avait-on dit, après la faillite de Lehman. Rappelez-vous les vibrants discours du G20 de Londres sur la reprise en main par les politiques du monde de la finance. Plus jamais de bonus délirants. On a vu les chiffres pour 2010... Plus jamais de spéculation. C'est aujourd'hui, toujours, la principale source de revenus pour certaines banques et les hedge funds n'ont jamais autant prospéré. Plus jamais de paradis fiscaux. Demandez où sont domiciliés les grands fonds spéculatifs et les filiales des grands groupes. Et plus jamais d'opacité sur les bilans des banques.

Arrêtons-nous sur ce sujet. Sujet ô combien d'actualité à l'heure où l'agence de notation Moody's - et les autres vont suivre - a décidé de mettre la notation de banques françaises sous surveillance négative compte tenu de leur exposition à la Grèce.

S'il y avait une leçon, une seule, à tirer de la crise de 2008 et de la faillite de Lehman, c'est que la transparence sur les bilans des banques était une absolue nécessité.

Si les positions sur les subprimes et sur les produits dérivés avaient été publiques, on aurait probablement pu éviter la crise bancaire et les aides massives qu'ont consenties les États pour renflouer le système.

Et maintenant que remarque-t-on ? Les subprimes d'aujourd'hui sont les dettes des États dits périphériques. C'est une évidence. Les États ont soutenu les banques et, actuellement, les États sont dans la situation dans laquelle étaient les banques en 2008. Mais qui pourra soutenir les États ?

On sait que ces dettes devront être restructurées, un jour ou l'autre. Si ce n'est pas à l'occasion de la crise grecque actuelle, ce sera à l'occasion d'une attaque sur les titres espagnols ou italiens dans six mois ou un an. On sait donc que les banques devront provisionner ou enregistrer des pertes immédiates. Elles doivent s'y préparer. Dès maintenant.

Mais connaît-on les chiffres exacts de l'exposition des banques à ces risques ? Combien d'emprunts de ces pays, des emprunts qui pourraient vite devenir toxiques, les banques ont-elles dans leurs bilans ? Mystère. Face à la pression et compte tenu du fait que le marché estime le risque de défaut de la Grèce à 75 %, on a enfin eu quelques chiffres sur l'exposition à la dette grecque. Mais quid pour les emprunts irlandais ou portugais alors que le risque de défaut est de 45 %, ou encore des emprunts espagnols avec un risque de défaut de 20 % ? Rien. Pas un chiffre. Pas un mot.

Pire encore, la Banque centrale européenne, elle-même, ne donne aucune information sur les montants massifs d'emprunts de pays périphériques qu'elle a dû acheter depuis un an pour soutenir l'Europe.

Les « stress tests » ont été une vaste plaisanterie puisque, un peu comme dans « L'école des fans » de Jacques Martin, tout le monde a eu 10 et a réussi. Parmi les gagnantes d'ailleurs, des banques irlandaises qui faisaient faillite quelques jours à peine après les « stress tests ».

On a souvent parlé de la crise de 2008 comme d'un arrêt cardiaque de l'économie mondiale. Après un arrêt cardiaque, quand on a la chance de s'en sortir, on modifie ses habitudes de vie.

Nous avons fait exactement le contraire. Après la crise cardiaque de 2008, nous sommes passés de la cigarette aux cigares, de la bière aux alcools forts à haute dose, de la viande rouge aux plats en sauce. Tout cela en restant assis toute la journée face à des écrans avec la spéculation comme seul sport.

On sauvera sûrement encore une fois la Grèce. Mais on ne pourra plus longtemps continuer à rafistoler un système bancaire totalement opaque. La transparence est une obligation. Elle n'est pas respectée.

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