Le temps des économies est venu

Par Jérôme Marin, correspondant La Tribune à New York.
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Goldman Sachs s'apprête à se serrer la ceinture. Objectif de la prestigieuse banque d'affaires : réduire de 10% son train de vie et ainsi économiser 1 milliard de dollars sur ses dépenses non salariales au cours des douze prochains mois. Ses 35.000 employés seront donc cordialement invités à faire des efforts. "Nous allons retourner chaque pierre", expliquait la semaine dernière une source anonyme à l'agence Reuters. Des suppressions de postes sont également à l'étude, avec une forte probabilité qu'elles interviennent pendant l'été. Cela serait une première depuis le premier trimestre 2009 au sein de l'établissement dirigé par Lloyd Blankfein. Et, en l'état actuel, les bonus de fin d'année pourraient subir une sacrée cure d'amaigrissement.

Goldman Sachs n'est pas un cas isolé. Bank of America, la première banque du pays, examine aussi ses dépenses et pourrait tailler dans ses effectifs. Morgan Stanley prévoit de diminuer ses dépenses non salariales de 500 millions de dollars l'année prochaine. "Nous allons aller encore plus loin que jusqu'à présent", assurait récemment la directrice financière de la banque, Ruth Porat. Quelques exemples de mesures : surveillance accrue de l'usage des BlackBerry, contrôle des frais de voyages, suppressions des courriers adressés aux clients au profit de leurs versions électroniques...

Après deux années fastes en termes de profits, la finance américaine est désormais dans le dur. Et elle appréhende avec crainte les conséquences de la réforme Dodd-Frank de la régulation financière, qui commence doucement à se mettre en place. Limitation du trading pour compte propre, renforcement des exigences en capital, nouvelles règles sur les marchés des dérivés, plafonnement des commissions sur les cartes de débit... les motifs d'inquiétudes sont nombreux pour les firmes de Wall Street. Alors que les régulateurs rédigent toujours à Washington la majorité de ces directives à venir, elles préfèrent prendre les devants, fermant des unités entières et remerciant leurs salariés les moins performants. Certaines de leurs activités très lucratives sont menacées. Et, avec elles, une partie de leur rentabilité et de leurs profits, déjà mis à mal par le ralentissement de l'activité économique et par la faiblesse des volumes sur les marchés. "Si les volumes restent à ce niveau, nous allons devoir mettre en place des changements dans nos effectifs ou dans nos dépenses", avait prévenu, en avril dernier, David Viniar, le directeur financier de Goldman Sachs.

Les banques - et leurs salariés - sont enfin "victimes" de leurs nouvelles pratiques en matière de rémunération : en augmentant la part fixe au détriment des bonus (ces derniers ont reculé de 8% l'an dernier, selon les estimations du contrôleur de l'État de New York, quand la rémunération globale augmentait de 6% à Wall Street), elles se retrouvent à payer trop cher des salariés qui ne leur rapportent pas assez aujourd'hui. Elles ne peuvent plus se permettre d'attendre des jours meilleurs.

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