Supprimons aussi le ministère de l'Écologie !

Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction. / DR

Delphine Batho a donc « tout dit » jeudi sur son « limogeage » du ministère de l'Écologie. Victime expiatoire du « principe majeur de solidarité gouvernementale », elle a permis à François Hollande de faire (enfin) acte d'autorité face à une équipe ministérielle qui en a manqué cruellement en dix-huit mois de pouvoir. Passons sur le fait que ce soit une femme, devenue qui plus est la meilleure ennemie de Ségolène Royal - à laquelle elle doit pourtant son ascension politique -, qui subisse ainsi les foudres élyséennes et soit la première responsable ministérielle à quitter le navire. Ce qui est plus intéressant, dans ce coup de chaleur estival, est plutôt que ce soit l'écologie qui craque la première dans la mise en oeuvre de la politique de rigueur à laquelle la France est astreinte.

D'abord, il y a un mystère Batho. Le moins que l'on puisse dire est que cette ministre, faible politiquement, n'a guère brillé dans son ministère. La transition énergétique ? Elle est dans les limbes, le grand débat national ne débouchant sur rien de concret, pas même un brin de pédagogie auprès de l'opinion. Le budget de ce qu'il reste de feu le grand ministère de l'Environnement (amputé de son volet logement) ? Personne n'est capable de se mettre d'accord pour dire de combien le budget de Mme Batho baisse (la fourchette va selon elle de 7 % à 1,8 % si l'on tient compte de l'artifice de la taxe poids lourds)... Le geste est politiquement fort, l'impact réel est nul. D'ailleurs, le nouveau ministre, un socialiste inconnu nommé Philippe Martin, est prié d'accepter le même budget, et il est peu probable que celui-ci augmente dans les années qui viennent. Par les temps qui courent, un bon budget est un budget... en baisse. Il y a une obligation de résultat, pas de moyens.

« Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne », a dit un jour Jean-Pierre Chevènement. Les seuls ministres qui s'en sortent sont ceux qui ont une capacité de nuisance politique. N'est-ce pas Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Christiane Taubira et... l'écolo Cécile Duflot, qui régulièrement dénoncent à l'unisson l'austérité en Europe (en creux, donc, en France aussi), mais qui, tant qu'ils ne franchissent pas la mouvante ligne rouge de la solidarité gouvernementale, ne sont pas inquiétés ? Enfin, pour l'instant...

Les écologistes ont gagné une martyre...

Au-delà de la pérennité de l'accord scellé entre le PS et Europe Écologie-Les Verts - qui servira encore au moins jusqu'aux municipales de 2014 -, la bonne question n'est-elle pas l'existence même d'un ministère de l'Écologie ? Laisser entendre qu'en réduisant ce budget la France serait en train de sacrifier l'avenir sur l'autel de la rigueur est une pantalonnade. Le ministère de l'Écologie ne justifie pas son existence par son seul budget, mais par sa capacité à offrir une résistance politique aux lobbies de tout poil, industriels et financiers. Si des dépenses publiques sont à faire dans des projets innovants comme les transports et l'énergie durable de demain, cela ne dépend donc pas que du ministère de l'Écologie, mais d'un vaste programme d'investissements public-privé sur lequel travaille d'ailleurs le gouvernement, qui annoncera son plan le 9 juillet.

Par tradition, mais aussi par construction, l'écologie est là pour s'opposer à l'industrialisme pollueur. Sa vocation est de s'instiller partout. Son combat est plus idéologique, au sens noble, que budgétaire. Si ce combat était gagné, il n'y aurait plus besoin d'un ministère de l'Écologie, puisque ce devrait être la vocation de chaque ministre, et même de chaque décideur, public comme privé, que de tenir compte de cette « exigence absolue » dans tous ses actes. Cette affirmation consensuelle est bien évidemment une gentille utopie. De ce point de vue, Delphine Batho lègue davantage à la postérité par son « suicide » ministériel que par son action dans son ministère. Elle oblige le gouvernement à repenser la question écologique, à l'heure où il va devoir arbitrer cet été des sujets aussi délicats que la fiscalité du diesel (qui pourrait être progressivement alignée sur celle de l'essence), la taxe carbone ou encore celle du prix de l'électricité. De ce point de vue, les écologistes ont gagné une martyre et semblent bien décidés à se servir de ce levier... On pourrait terminer par un tweet ravageur à la Valérie T. : « Courage à Delphine Batho, qui n'a pas démérité en Poitou-Charentes et au ministère de l'Écologie. »
 

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Commentaires 17
à écrit le 04/09/2013 à 9:21
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et qui s'occupera des méfaits de notre société mortifére dont voici quelques exemples : Empoisonnement par l'alimentation industrielle bourrée d'additifs (notamment E102, E104, E122, E129 et E211) Empoisonnement par l'emploi généralisé de produits...

à écrit le 06/07/2013 à 21:33
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que le président nous débarrasse de tous ces écologistes qui nous mène au moyen âge , aucune ambition , sont contre aéroport , ogm , gaz de schiste , las Vegas gardois ( 200000 emploi balayés , nouvelles ligne TGV retour aux diligences ,ne sont bon...

à écrit le 06/07/2013 à 21:20
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bien sur , virer les tous du gouvernement , c un parti contre tout , ogm gaz de schiste aéroport le las Vegas gardois ( 200000 emploi , balayé ) et d autres prometteurs ) seulement bon pour créer des taxes , et les français votent pour ça .

à écrit le 06/07/2013 à 15:24
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Voila une bonne proposition : Supprimons l'idée écologique et reprenons la morale qu'elle a tenté de faire disparaître. On signalera à Phillipe Mabille qu'il n'y a pas d'idéologie "noble", elles sont toutes criminelles....

à écrit le 06/07/2013 à 14:36
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Le problèmes ce n est pas les ministres car ils ne décident rien

le 06/07/2013 à 16:30
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Pour que des ministres décident, il faudrait déjà qu'il y ait un gouvernement. Et pour qu'il y ait un gouvernement, il faudrait un premier ministre et un président...

à écrit le 06/07/2013 à 14:07
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Face à des puissants lobbies industriels et au défi de la transition énergetique, il faut mettre un gros calibre, pas des seconds couteaux comme Batho. Juppé a été de manière très éphémère ministre d'un grand ministère qui aurait pu faire quelque cho...

à écrit le 06/07/2013 à 11:42
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"l'écologie est là pour s'opposer à l'industrialisme pollueur." dites vous et vous avez presque raison. J'aurais plutôt dit "l'écologie est là pour s'opposer à l'industrialisme ", tout court, ce qui revient à se tirer économiquement et socialement un...

le 06/07/2013 à 17:39
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Tout à fait plus d'écologie du tout et au moins on sera tranquilles quand on sera tous morts d'un cancer à force de bouffer et respirer les saletés de la production de masse

à écrit le 06/07/2013 à 10:15
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7 ou 8 ministres compétents et responsables suffiraient largement.

le 06/07/2013 à 15:59
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Les potiches (même ravissantes), ça suffit !

à écrit le 06/07/2013 à 7:28
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Supprimer peut être pas, mais que ce ministère accepte temporairement de se serrer la ceinture comme tous et toute ?oui . NB : soupçonnant les connaissances d?un bachelier en écologie, comment peut-on sérieusement en faire un ministre ??

le 06/07/2013 à 16:00
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Il fallait des femmes (pour l'affichage), on a mis des potiches : c'est la "justice sociale".

à écrit le 06/07/2013 à 0:51
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En temps de crise bien entendu qu'il faut supprimer ce Ministère. Les écologistes n'ont pas la science infuse et souvent sont des empêcheurs de tourner en rond.

à écrit le 05/07/2013 à 18:55
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souvenir d'une parlementaire "diabolique" qui suggérait tout récemment devant un parterre de députés désabusés discutaillant mollement de la protection du consommateur, que le législateur s'intéressa à la botte secrète de l'obsolescence programmée, u...

le 08/07/2013 à 11:03
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les écologistes ne réfléchissent pas , la preuve sur l'obsolescence programmée et l'homme alors ? il n'est pas programmé non plus ? , sinon il n'y aurait pas de cimetières , tout est programmé pour se transformer d'un état en un autre , ah oui on app...

à écrit le 05/07/2013 à 18:08
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Rappelons quand même, à tout hasard, que la « transition énergétique » a lieu actuellement : Cela s?appelle la crise économique. La crise mondiale actuelle est en effet aussi, si ce n?est avant tout, un monstrueux choc pétrolier qui hélas ne fait qu...

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