À la recherche du bon sens écolo

EDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.
Bruno Jeudy
(Crédits : DR)

Les tracteurs ont fait demi-tour et l'exécutif a poussé un ouf de soulagement. La jacquerie a été matée en deux semaines. Le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, a dû toutefois remettre l'ouvrage sur le métier, à trois reprises, avant d'obtenir un fragile accord avec les syndicats. Coût de l'opération : 400 millions d'euros quand même et de gros coups de canif dans l'ambition écologique portée par le président de la République. Son ministre de la Transition récuse tout recul et maintient l'objectif de baisser de moitié le recours aux pesticides. On verra si la « pause » se limite à trois semaines, comme annoncé par l'exécutif, ou bien si elle est discrètement prolongée pendant le prochain Salon de l'agriculture.

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En attendant, le bon sens paysan aura servi de boussole. Dommage que le président et son gouvernement ne planchent pas davantage pour inventer l'impérieux bon sens écolo. À l'Élysée, on préfère parler d'« écologie à la française ». Le concept demeure flou après six ans de pouvoir malgré des gestes symboliques : de l'opposition à Donald Trump sur l'accord de Paris à l'abandon de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes en passant par le grand plan de planification écologique pour réduire l'empreinte carbone de la France.

Sur le plan politique, la semaine qui s'achève aura permis de clarifier les choses : l'exécutif a définitivement tourné le dos à l'écologie punitive, doctrine défendue par les Verts. Emmanuel Macron a pourtant accumulé, depuis qu'il est chef de l'État, un nombre record de plans, de normes, de réglementations et d'objectifs plus ou moins lointains sans toujours prévoir les mesures d'accompagnements ad hoc. C'est le cas par exemple avec le gasoil non routier (GNR), dont on augmente le prix sans prendre en compte le fait que les agriculteurs n'ont pas d'alternative car le tracteur électrique n'existe pas encore...

Le bon sens écolo devrait commencer par une urgence pédagogique. Rappeler sans cesse les évidences chaque mois plus alarmantes : nous venons d'enchaîner vingt-quatre mois au-dessus des normales saisonnières. Pour la première fois, un incendie a dévasté cette semaine des pâturages dans les Hautes-Pyrénées. De l'autre côté de la frontière, Barcelone a déclenché l'alerte sécheresse. La réalité, c'est que la transition écologique n'est même pas encore entrée dans le « dur », écrivent David Djaïz et Xavier Desjardins dans La Révolution obligée (Allary Éditions). Nous sommes engagés dans un processus irréversible de changement climatique. Depuis 2016, en quête de « révolution » (titre de son livre de candidat), Emmanuel Macron en a une sous les yeux. Elle exige un nouvel art de gouverner pour contribuer à la soutenabilité écologique de nos sociétés. Une façon de mettre l'écologie au-dessus de tout.

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Bruno Jeudy

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Commentaires 7
à écrit le 05/02/2024 à 11:49
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Bon-sens et écolo sont des mots contradictoires. Il serait bon que tous les bavards qui parlent d'écologie soient obligés de chiffrer en économies rejerts CO2 les propositions qu'ils font et qu'ils en soient juridiquement responsables . On pourrait...

le 05/02/2024 à 13:01
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non seulement une absurdité les écolos sont les rouges de 68 ceux qui voyait mao comme libérateur de l'humanité et ce jour des casseurs des apprenti dictateurs . et il suffit de voir comment Mme rousseau a établie des faux document pour se presen...

à écrit le 04/02/2024 à 18:58
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D’accord pour faire des efforts dans l’un des pays les plus decarbonnes de la planète (92% de notre électricité)…. mais la France ne pourra rien faire toute seule !!! On attend l’Inde, la Chine, les US, l’Allemagne qui grâce aux ecolos-dingos émet en...

à écrit le 04/02/2024 à 16:19
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Le mot "mater" me parait inapproprié... 400 M€, ce n'est pas mater, c'est payer. Le pire est que les problèmes de fond n'ont pas été abordés. Pourquoi les agriculteurs, malgré des aides massives, n'arrivent-ils pas à vivre de leur travail ? Pourqu...

le 04/02/2024 à 18:39
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Les causes sont multiples mais les contraintes imposées à nos agriculteurs et non aux produits importés en est une mais pouvez rajouter la taille des filières tant en production qu'en commercialisation qui ne sont pas d'un poids suffisant pour influe...

à écrit le 04/02/2024 à 13:00
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"avec le gasoil non routier (GNR), dont on augmente le prix sans prendre en compte" il parait qu'un accord avait déjà été fait, antérieurement, avec la Fnsea en échange de la hausse du seuil d'imposition pour les successions d'entreprises agricoles (...

à écrit le 04/02/2024 à 7:25
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Le lobby agro-industriel a réussi son casse, encore une fois, mais c'est facile il paye plein de gens qui travaillent dans le truc, il y a plein d'informateurs et de larbins inféodés. Dans ces conditions là le principe même d'écologie est a des année...

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