Avec Omicron, tout va augmenter

Par Philippe Mabille  |   |  1057  mots
(Crédits : BRENDAN MCDERMID)
VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. Un mauvais air de mars 2020 flotte dans l'air et le monde se referme. Fait-il paniquer ? Pas forcément mais le virus de l'inflation, lui, commence à faire douter les banquiers centraux du caractère temporaire de l'inflation. Hausse des prix... et donc des salaires ? La course est lancée et devrait agiter la campagne présidentielle.

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Comme un jour sans fin. Omicron est arrivé, sans se presser, mais remet en jeu nos espoirs d'être enfin débarrassés du virus. Un air de mars 2020 flotte dans l'air, avec le méchant virus. Omicron, ô désespoir, ô virus ennemi, chante le poète Jean Brousse dans chronique de campagne. Le transport aérien s'affole de voir se refermer le ciel, douchant les espoirs d'un Noël au soleil. Un coup de massue pour les Antilles françaises qui n'avaient franchement pas besoin de cela, raconte Léo Barnier.  Alors que les frontières se referment, au Maroc, en Afrique du Sud, au Japon, en Israël, la France impose un test négatif à tous les voyageurs hors Union européenne.

Il est urgent de ne pas paniquer. Omicron ou pas, il faut composer avec Delta, majoritaire en Europe, et les laboratoires travaillent déjà à un nouveau vaccin, à l'image de BioNtech. Et on commence à parler de vaccination obligatoire, notamment en Allemagne.

Au-delà de la question sanitaire, l'inquiétude porte aussi sur l'économie. Malgré la cinquième vague et Omicron, la croissance résiste, souligne Grégoire Normand. Autre virus qui menace, celui de l'inflation. Dans une économie post-Covid marquée par des désorganisations de la chaîne logistique et de la production mondiale, qui engendre des pénuries, la Fed craint qu'Omicron attise la flambée actuelle des prix.

Les banquiers centraux commencent à changer de vocabulaire. De temporaire ou provisoire, le choc sur les prix. Pour Jérôme Powell, le président de la Fed, « le risque d'une inflation persistante a augmenté ».

Alors que la hausse des prix atteint un record en France en novembre, Fanny Guinochet se demande si la flambée hivernale des prix ne va pas encourager l'explosion des conflits sociaux. Craignant de voir se refermer sur lui le piège du pouvoir d'achat dans la bataille de l'Elysée, l'exécutif prend les devants. La ministre du travail l'a reconnu : si la tendance se confirme avec les chiffres définitifs de novembre, « La nouvelle augmentation du Smic au 1er janvier devrait être supérieure au +0,6% annoncé par les experts ». Pourtant, le rapport du groupe d'experts sur le salaire minimum (Smic) présidé par l'économiste Gilbert Cette, ne préconise pas de revalorisation, alors qu'il l'a déjà été deux fois cette année. Pour les économistes, le Smic n'est pas le point le plus pertinent pour lutter contre la pauvreté.

La question salariale passe cependant au premier plan des préoccupations, partout dans le monde. Aux Etats-Unis, Joe Biden a imposé aux entreprises en contrat avec le gouvernement fédéral un salaire minimum de 15 dollars, le double du minimum légal. En octobre, Amazon a été obligé d'augmenter les salaires en prévision des livraisons de Noël alors que la recrudescence de l'épidémie va profiter encore plus au e-commerce et que la main d'œuvre se raréfie.

En Allemagne aussi, la nouvelle coalition prend le contre-pied de l'orthodoxie néo-libérale, en prévoyant de porter de 9,82 à 12 euros le salaire minimum. Dans le monde d'après, tout va augmenter... Les pénuries de main d'œuvre sont en train de nous sortir de la déflation, la grande question étant d'éviter de tomber dans un spirale prix-salaires incontrôlable.

Curieusement, cette question salariale ne profite pas aux candidats de gauche qui pourtant proposent tous d'augmenter le Smic et d'organiser une négociation interprofessionnelle. Le plus radical, Jean-Luc Mélenchon, veut un Smic à 1400 euros net et se dit convaincu que le nouvel « ordre du monde est plus simple aujourd'hui » pour ses thèses. « Je n'ai plus besoin de faire peur. Le sujet des salaires est désormais bien compris », explique-il dans un long entretien avec La Tribune. Le candidat de la France insoumise l'assure : « pour les patrons et les industries du futur, je suis une affaire formidable ! ». Il prévoit des investissements massifs dans la transition écologique et l'industrie spatiale.

Avec la fin du feuilleton à droite avec la qualification du candidat LR, Eric Ciotti ou Valérie Pécresse ce samedi, et la victoire de la présidente de la région Ile-de-France, sans conteste, à 61%, le match de la présidentielle va pouvoir commencer, après la trêve des confiseurs et dans un climat rendu plus angoissant et compliqué en raison des conditions sanitaires. En avril, nous voterons probablement masqués.

Parmi les autres événements à signaler cette semaine, le coup de gueule de Stéphane Richard, le patron d'Orange sur le départ, qui se livre au sommet de l'IDATE et flingue l'Etat actionnaire et l'absence d'Europe des Télécoms, selon des propos rapportés par Pierre Manière.

Mais aussi le carton de la French Tech qui a levé plus de 10 milliards d'euros en 2021, le double de 2020 se félicite Sylvain Rolland... Qui a aussi réalisé une interview exclusive de Michel Combes, l'ancien patron de Altice-SFR, ex de France Télécom et d'Alcatel-Lucent, désormais à la tête du puissant fonds d'investissement japonais Softbank, qui débarque en force en France.

Et enfin, le contrat historique de Dassault Aviation qui vient de boucler la vente de 80 Rafale aux Emirats Arabes Unis, comme l'a écrit dès vendredi matin Michel Cabirol qui a suivi de très près le voyage express d'Emmanuel Macron dans le Golfe.

Ne manquez pas pour terminer de visionner le replay des meilleurs moments de notre Forum Zéro Carbone qui s'est tenu mardi 30 novembre à l'Hôtel de Ville de Paris et où de nombreux maires des principales métropoles françaises ont partagé avec les journalistes experts de La Tribune leur vision pour affronter les défis des dérèglements climatiques.

Voici les liens Youtube pour suivre l'événement en live :

. Climat, Mobilités ;

. Energie, Logement et urbanisme ;

. Eau, Déchets, Smart City.

On ne résiste pas non plus à vous offrir cette déclaration savoureuse du président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, qui assure que « le train n'est pas cher, et que c'est l'avion qui ne l'est pas assez ». De toutes façons, si nous sommes confinés à Noël, nous ne prendrons ni l'un, ni l'autre...