Campagne de Brousse : « Omicron, Oh désespoir, oh virus ennemi ! »

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. En cette année présidentielle, il tient dans La Tribune une revue de la crise politique et sanitaire, intitulée comme il se doit Campagne de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

L'avenir est vague. Les courbes oubliées de la pandémie remontent, et l'on a finalement retrouvé la conférence sanitaire du jeudi depuis la scène de Ségur. L'heure est grave : la preuve, on ressort le professeur Jérôme Salomon, comme au bon temps où nous tentions de dompter ce virus alors très inconnu. Il arbore maintenant une élégante barbe de trois jours - Salomon, pas le virus -, ne récite  plus ses longues et hypnotiques litanies de chiffres morbides, mais confirme sur un ton toujours aussi sinistre la cinquième vague  de l'offensive européenne du méchant microbe, et rappelle avec componction les recettes rigoureusement nécessaires à la résistance, voire à une victoire à laquelle il ne donne pas l'impression de croire. Sérieux rappel à l'ordre, mais ça n'est pas demain qu'il va remplacer Fabien Galthié comme entraîneur de l'équipe de France de rugby, même si les « Blacks » s'en satisferaient largement ... Il pourrait désoler les vestiaires, anesthésier le pack et communiquer son désespoir romantique aux plus joyeux boute-en-train. Toujours est-il que ces annonces n'ont inspiré que quelques rares quotidiens. Lassitude, la presse est blasée, et l'habitude insensibilise. Mais après le Delta, le B.1.1.529 étranger, alias Omicron surgit et redonne de la vigueur aux journaux télévisés..
 
Loin de l'optimisme d'une rentrée souriante promettant à tort le retour tant attendu à une vie à peu près normale, le relâchement dénoncé et la vague de froid d'un hiver presque précoce redonnent de la vigueur au variant que nous voulions écarter. Grand retour des gestes barrière, du gel hydroalcoolique, du masque, de la distanciation et du lavage des mains. Nous avons trop tôt voulu nous ré-embrasser. Les éminences elles-mêmes ont cru pouvoir tomber le masque et se serrer la main, les images en attestent et régalent les commentateurs. Nous en sommes punis.


Le Premier Ministre est contaminé : un signe ! Pourtant régulièrement vacciné. Il vaque à ses occupations, isolé derrière son écran. Comme le questionne le sage docteur Blachier : est-il malade ?

Il n'aura pas suffi pas d'être les champions européens de la vaccination, encore faut-il convaincre les derniers réfractaires - réaliste ? - et accélérer l'injection de la « troisième dose », la piqûre de rappel, le « booster », à laquelle tous devront se résoudre et sans doute s'habituer dans les temps à venir.

Réjouissons-nous au moins que les instances aient résisté à la tentation de mesures plus coercitives, qu'elles aient préféré la vie à la contrainte, aux obligations et interdictions de toutes sortes. Les « rendez-vous du lendemain » se multiplient sur Doctolib. Comme l'affirme le bon ministre Olivier Véran : « le Président a choisi de préserver la liberté en appelant au sens de la responsabilité ! ». Il n'a surtout pas voulu briser l'élan de la fragile reprise économique, nous abimer Noël ni nous priver des joies de la campagne électorale à venir.

Les candidats tournent en rond dans les stalles et sur les écrans, piaffent de « projets de rupture en alternatives crédibles ». Les résultats des sondages ne  bougent pas vraiment. Monsieur Z s'essoufflerait-il ? Après une première salve de surenchères sur les augmentations de salaire et les recettes pour contenir la vague migratoire, quelques propositions originales surgissent : rétablir le service militaire pour tous, ou bloquer les virements des travailleurs immigrés vers leurs pays d'origine, entre autres. Le concours Lépine des propositions inédites est lancé.

On ne parle plus guère de la COP26. Maintenant qu'elle est derrière nous, hors une bataille de chiffres sur le nombre de futurs réacteurs nucléaires, la cause environnementale ne taraude plus les foules.

Cinquième vague, vague de froid, vagues migratoires... L'avenir est vague !
Ne nous noyons pas dans la métaphore maritime, quand d'autres vagues, des vraies, emportent des humains partis à la conquête d'un graal.

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