
Le processus qui a mené dimanche dernier au référendum - illégal - sur l'indépendance de la Catalogne relève d'une histoire complexe du rapport entre Barcelone et Madrid depuis la guerre civile.
La répression violente et disproportionnée à l'encontre des votants - un bilan fait état de quelque 900 blessés - a déjà fait perdre la bataille de l'image au gouvernement minoritaire du conservateur Mariano Rajoy. L'aile dure du Partido Popular entend régler le problème par la force, autant dire qu'elle risque d'attiser le feu indépendantiste plutôt que de l'éteindre, et provoquer une grave crise politique au sein de la quatrième économie de l'Union européenne. C'est donc une faute politique.
Loin de faire l'unanimité
D'autant que les visées séparatistes du président de la région Carles Puigdemont sont loin de faire l'unanimité. En effet, les 2,26 millions des votants au référendum dont 90% ont voté oui à l'indépendance (selon les chiffres de l'exécutif catalan) représentent à peine plus de 40% des quelque 5,34 millions du corps électoral.
Les indépendantistes n'étant pas majoritaires, le pouvoir fédéral aurait été mieux inspiré d'avancer des arguments pour montrer que l'aventure indépendantiste n'était pas sans risque économique tant pour les Catalans que pour les Espagnols.
Le risque de casser une fragile reprise économique
Mariano Rajoy a d'autant moins d'excuses que le contexte plaidait davantage pour la diplomatie que la matraque, l'économie espagnole enregistrant depuis quelques mois de bons résultats en terme de croissance et de baisse du chômage. Mais cette reprise reste à consolider, car on est loin d'être revenu au niveau de l'avant-crise financière de 2008. Avec cette confrontation ouverte avec la Catalogne, qui pèse pour presque 20% du PIB espagnol, le gouvernement prend le risque de casser cette fragile reprise.
Car l'idée qu'une Catalogne indépendante deviendra mécaniquement riche en mettant fin à la spoliation organisée par le gouvernement fédéral, comme le martèle une rhétorique indépendantiste, reste à démontrer.
4,5 milliards d'euros par mois
Dans un document établi par le Conseil national de transition, ses experts estiment que la nouvelle république aura besoin, une fois l'indépendance proclamée, de 4,5 milliards d'euros par mois pour faire face aux dépenses de la nouvelle administration. Ce financement se fera par émissions de titres obligataire de la nouvelle entité. Mais il s'agit là d'une hypothèse pour le moins optimiste. Or, aujourd'hui, la dette souveraine de la région est classée tant par Moody's que Standard & Poor's et Fitch en catégorie « junk bond » au regard des risques qui pèsent sur les perspectives économiques. De quoi faire fuir la majorité des investisseurs obligataires.
Une Catalogne indépendante renverrait, selon le document, la question de la dette à l'Espagne. Mais ce serait oublier que, par ce geste, la nouvelle république créerait un « événement de crédit » entraînant une défiance du marché obligataire à son égard pour avoir modifié les termes du contrat qui la liait. La Catalogne perdrait, au sens propre, tout crédit. Ces aspects qui semblent techniques sont pourtant ceux qui limitent les envolées lyriques des leaders politiques.
"Événement de crédit"
De même, selon le document, une Catalogne indépendante bénéficierait d'un ratio dette/PIB faible. Mais le stock de dettes n'est qu'une partie du problème car, si le pays bénéficie d'une forte croissance et donc d'une capacité réelle à pouvoir honorer en temps et en heure ses obligations, grâce à l'augmentation des recettes fiscales, la création de richesses, les investissements, le risque d'un défaut se trouve considérablement réduit.
Or, aujourd'hui, la Catalogne ne dégage pas d'excédent budgétaire. Les indépendantistes se focalisent sur les transferts de la région vers l'État fédéral sans prendre en compte des services fournis par cet État fédéral ou par les entités internationales. Demain, un tel coût devra être assumé intégralement par la nouvelle république. Or, nombre d'entreprises nationales et internationales installées aujourd'hui en Catalogne, qui contribuent fiscalement au budget de la région, pourraient rapidement quitter le territoire en raison des incertitudes. C'est un phénomène auquel on assiste en ce moment dans le cadre du Brexit, résultant lui aussi d'un référendum.
Exclusion automatique de l'Union européenne
Le document suggère que la région pourrait compter sur la Banque centrale européenne (BCE) pour garantir ou acheter le « papier » catalan dans le cadre du programme de rachat prévu par le QE. Mais cette hypothèse est très optimiste, car en faisant sécession la nouvelle république s'exclurait d'elle-même de l'Union européenne et de son noyau dur la zone euro. Sans soutien, sans garantie, la Catalogne devra accepter des taux très élevés pour trouver des créditeurs pour financer son budget.
Quant à une reconnaissance de la nouvelle république par le conseil européen, elle demeure très hypothétique. Un veto de l'Espagne bloquerait un tel processus. Et certains pays qui doivent déjà composer avec des poussées régionalistes, comme la Belgique, l'Italie, voire demain l'Allemagne ou la France, se méfient de cette « Europe des régions » potentiellement déstabilisatrices pour les États nationaux. Bruxelles et la plupart des capitales européennes se montraient d'ailleurs prudentes hier en considérant qu'il s'agissait là d'un problème interne à l'Espagne qui devait se régler par le dialogue.
Un effet domino
Mais cette prudence cache mal l'inquiétude née de la violence utilisée hier par Madrid et du résultat d'un référendum où les indépendantistes n'ont pas craint de se compter. Le gouvernement espagnol doit impérativement renouer les fils du dialogue avec la région la plus riche du pays afin d'éviter de sombrer dans une crise dont l'effet domino n'est pas négligeable dans une Europe où l'euroscepticisme sous toutes ses formes progresse régulièrement.
Il ne peut en être autrement et cela par la faute du personnel politique des différents Etats européens. L'Europe ce n'est que des compromis, toujours favorables à l'économie et à la finance, mais surtout contre les droits des peuples. L'Europe est anti-démocratique. Ca se voit désormais beaucoup trop. Les gens veulent plus de proximité, moins de technocratie, de bureaucratie. Comme pour l'écologie, la "production" doit être locale.
Avec lui on est certain de savoir "qui a du soutien".
Ça ne devrait pas trop tarder.
Gracias au Catalan qui en quittant l'Espagne donc l'UE et l'Euro meneront leur region à la ruine et montreronr l'example encore aux Français.
Merci à tous ..
A ne pas confondre avec l’écosse qui elle quitterait le UK pour RESTER dans l'UE.
Belle bagarre en perspective entre le France et l'Espagne pour récupérer le BIP de micro etat sans force.
Région se fout des lois nationales systématiquement ?
Les Savoies, la Corse et le Pays Basque sont légitimes à sortir de la France engluée dans cette Europe de Bruxelles nauséabonde et ruineuse.
y compris pour ceux et celle qui soutienne
m raroy.
au prochaine elections tous les catalans vont jeter l'Espagne
au lieu de travailler a unifie l'Europe
les directives de bruxelles font tous pour diviser les peuples
En outre, la sortie de la catalogne est interdite par la constitution espagnole, alors que la sortie de la France est autorisée par les traitées
"l'effet domino n'est pas négligeable dans une Europe où l'euroscepticisme sous toutes ses formes progresse régulièrement."
C'est là où il y a un court-circuit, être Eurosceptique est certes en progression, et sous différentes formes, mais pour quelle alternative ?
Les Eurosceptiques veulent conserver l'échelon de la Nation, et avoir une Europe des Nations ; ainsi si effet domino il doit y avoir, ce serait pas pour faire la promotion des régions, bien au contraire !
Après il y a les Mécontents, fatigués du n'importe quoi ambiant, c'est eux que peuvent porter l'effet domino. Les Mécontents en ont assez du néolibéralisme, et ça donne du repli sur soi, mais que va peser une région dans une Europe néolibérale ? Rien.
Ainsi, être Eurosceptique n'est pas être Régionaliste, c'est antinomique. Mr Godin aurait vu la différence.
http://russiepolitics.blogspot.fr/2017/10/billet-dhumeur-quels-90-de-la.html
-ONU OMS UNESCO etc .. et c..
- OTAN
- EU puis EURO
-OCDE etc...
J'imagine l'Espagne (un des 27) accepter sans son veto..
MDR.
"je convoquerais les 26 autres ... "
en disant :
"Le lendemain de l’indépendance nous rentrons dans l'EU"..
Non le lendemain les taux d’intérêts ES et IT explosent et les taux Catalan frôlent les 25 %.
Rechercher la crise et miser sur le fait qu'on est plus solide que son adversaire, c'est tout sauf une faute politique. La faute politique c'est même plutôt de se lancer dans un jeu où son adversaire maitrise les règles. Les ultra-nationalistes en feront les frais si l'union européenne n'intervient pas pour faire plier Madrid, et vu l'avis de la majorité des états fondateurs de l'union sur la légitimité des putschs sécessionnistes, il y a peu de chances que l'union européenne intervienne. Si elle se met à soutenir quelqu'un, ce sera l'Espagne. Cette dernière en a bien besoin vu que sa frange la plus riche essaie de créer un paradis fiscal sur le sol espagnol.
Pour l'instant L'Espagne gagne, autrement dit l'union européenne gagne, et les putschistes perdent. Certains de ces putschistes ont été physiquement blessés, mais s'ils n'y étaient pas préparés en participant de leur plein gré à une violation caractérisée de la constitution de leur propre pays, c'est qu'ils méritent ce qui leur arrive.
Pour les incultes, aller sur le site de l'ina et chercher, "quand les nazis finançaient les indépendantistes régionaux". Avec votre raisonnement, les français sont différents des lettons, pourquoi fusionner alors dans l' Ue ? La richesse de La France, c'est avant tout les différents apports des cultures régionales. C'est pour cela que ces cultures demeurent, et qu'un marseillais n'est pas un parisien. Concernant le Kurdistan, la position du gouvernement français n'est pas à confondre avec celui de l'upr. L'upr n'a rédigé aucun communiqué approuvant la position de macron sur ce sujet. Pas étonnant que le QI des européens a chuté. De nos jours une guerre totale est menée contre les peuples. Il faut qu'ils s'autodétruisent pour le plus grand profit de l'oligarchie euro-atlantiste.
et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ? un vrai référendum s'impose !
Beaucoup de bruit pour rien. Le gouvernement espagnol a commis l'erreur; historiquement, de laisser trop d'autonomie aux extrémistes catalans ; et ces derniers ont su utiliser les médias pour donner de l'importance à leur référendum illégal & folklorique (car sans observateurs et boycotté par les unionistes).
Mais les traités ne prévoient pour l' instant aucune procédure particulière pour le cas d’une région sécessionniste d’un État-membre souhaitant adhérer à l’UE
Il n’y a pas de raison objective d’imaginer qu’une exception puisse être faite pour des nouveaux États issus d’une sécession d’un État déjà membre. Strictement rien n’est en effet prévu dans les traités européens pour cela sauf revirement à 180 degré.
Pour qu’une procédure immédiate d’admission d’une ancienne région d’un État membre devenue indépendante ait lieu, il faudrait donc commencer d’abord par modifier les traités en ce sens. Ce qui serait non seulement une procédure elle-même très longue, mais ce qui supposerait de surcroît qu’elle recueille l’unanimité des États-membres, y compris celui qui a été amputé par la sécession en question.
Dans le cas d’espèce, il faudrait que l’Espagne accepte donc de modifier les traités pour rendre immédiate l’adhésion de la Catalogne devenue indépendante. Ce qui revient à dire que les autorités de Madrid devraient donc faciliter considérablement la stratégie électorale des indépendantistes catalans ! C’est évidemment totalement exclu.
https://www.upr.fr/av/le-demantelement-des-etats
Par ailleurs son caractère ne peut que mener à encore plus de tensions:
"En Espagne, un bâillon sur la colère" https://www.monde-diplomatique.fr/2015/07/VALDEZ/53224
"Dans les villes rebelles espagnoles" https://www.monde-diplomatique.fr/2017/02/PERRENOT/57096
"La liberté de se taire" https://www.monde-diplomatique.fr/mav/146/RIMBERT/55166
Le problème n'est plus seulement lié à une volonté indépendantiste, le problème est lié également à une volonté européenne de mettre toutes les souverainetés au pas plus un désir de liberté général qui grandit au sein d'une société économique de plus en plus étriquée.
Démocratie ?