Cogne, Édouard, cogne

ÉDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.
Bruno Jeudy
Bruno Jeudy
Bruno Jeudy (Crédits : DR)

L'ancien Premier ministre sort du bois et annonce qu'il va prendre des risques. Enfin Clameront ses amis. Trop tôt ! Répondront d'autres. Après l'année 2023, qui fut celle de la mue physique pour le maire du Havre, touché par une maladie de peau bégnine mais spectaculaire, Édouard Philippe attaque 2024 par une mauvaise surprise. Dépassé dans
les sondages qu'il dominait de la tête et des épaules depuis sa sortie de Matignon, en
2020, il subit une double concurrence. D'abord de l'extérieur avec une Marine Le Pen de plus en plus forte, au point de faire figure de favorite pour la prochaine élection présidentielle.
Une enquête Ifop/Valeurs actuelles accordait cette semaine à la leader d'extrême droite 36 % d'intentions de vote si le premier tour se déroulait ce dimanche, laissant le président d'Horizons loin derrière à... 22 %. Mais, en ce début d'année, la concurrence vient aussi de l'intérieur. Depuis sa nomination surprise à Matignon, Gabriel Attal s'installe dans la peau d'un potentiel rival : plus jeune (34 ans), presque aussi populaire et quasi adoubé par le président sortant !

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Il n'en fallait pas plus pour prendre la mesure du danger. Édouard Philippe sait qu'il doit bouger. L'immobilisme, c'est l'assurance de devenir une cible trop facile. Mais comment ? L'élu normand n'est pas dans la situation de Nicolas Sarkozy qui, entre 2002 et 2007, joua avec succès la carte de la rupture à l'intérieur des gouvernements successifs de Jacques Chirac. Il n'est pas non plus dans l'opposition comme François Hollande, qui appliqua à merveille, de 2007 à 2012, la stratégie mitterrandienne : s'opposer, s'opposer, s'opposer !

Édouard Philippe doit donc trouver son propre chemin : se différencier d'Emmanuel Macron tout en conservant le soutien de l'essentiel des électeurs macronistes. Il doit aussi sortir de son rôle de lanceur d'alerte sur l'éducation, le logement ou l'immigration. La course à la présidentielle est bien sûr longue mais elle n'empêche pas les changements de rythme, sous peine de disparaître.

Ce passionné de boxe devrait s'inspirer de l'immense champion Mohamed Ali : « Vole comme le papillon, pique comme l'abeille et cogne mon gars, cogne. » Dans sa quête de victoires, le boxeur-poète aimait aussi répéter : « On ne devient pas champion dans un gymnase. On devient champion grâce à ce qu'on ressent : un désir, un rêve, une vision. » Si pour Édouard Philippe le désir se maintient à un haut niveau au moins dans les sondages, le rêve et la vision restent à construire. L'heure de la prise de risque a sonné. Celle de la fin du dilettantisme aussi. Plus tôt que prévu.

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Bruno Jeudy

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Commentaires 9
à écrit le 12/02/2024 à 1:34
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Jeudy la voix de son maitre.

à écrit le 11/02/2024 à 19:32
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c est vrai qu un disciple d Alain Juppe, qui a reussit a planter le premier quinquenat de Macron (quelle idee de faire le 80 km/h et surtout de rester droit dans ses bottes et meprisant quand ca ralait) c est exactement ce dont on a besoin

le 12/02/2024 à 11:29
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On pourrait aussi ajouter que c'est lui qui avait torpillé le projet de retraite par points de Macron en insérant un âge pivot car les comptes étaient tellement dégradés qu'il aurait sans doute baisser la valeur du point dans les mois précédent la pr...

à écrit le 11/02/2024 à 12:02
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Gérard... Pardon! Edouard Philippe, c'est les Gilets Jaunes...

le 11/02/2024 à 15:45
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La taxe carbone sur les carburants existe depuis longtemps (enfouie dans la TICPE) mais elle devait augmenter encore (pareil pour le gaz, on était vers 40€/tonne CO2 avec 150 comme objectif français, par paliers) mais ça s'est figé. Les 70km/h, euh n...

à écrit le 11/02/2024 à 11:38
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Il faut en finir avec la France des énarques et des hauts fonctionnaires. Ils ne produisent au fil du temps que des déficits et de l’endettement. Edouard Philippe ne sait nullement attaqué, en son temps, au millefeuille administratif qui est devenu u...

à écrit le 11/02/2024 à 8:06
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"Il doit aussi sortir de son rôle de lanceur d'alerte sur l'éducation, le logement ou l'immigration." En effet s'il parle de tout ce que le néolibéralisme a désintégrer il ne trouvera aucun finacement et les médias de ceux qui ont tout désintégrer le...

à écrit le 11/02/2024 à 6:47
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EP n'a pas la stature d'un président de la république,il est comme son mentor Alain Jupé un velléitaire pusillanime.

à écrit le 11/02/2024 à 4:47
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Il fut PM de la Macronie. Celle-là même qui a laissé l'insécurité, les dettes, la santé, l'éducation et l'immigration se déliter comme jamais. Toutes ces métastases qu'Edouard Philippe et E. Macron ont largement aggravé. Seul Gérard Collomb, pris d'u...

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