Alors que le Forum économique mondial vient de s'ouvrir à Tianjin en Chine, le Premier ministre chinois Li Qiang a fustigé la « fausse proposition » de l'Occident de « réduire la dépendance » et d'« éradiquer les risques ». « Avec le développement de la mondialisation économique, l'économie mondiale est devenue une communauté où tout le monde est entremêlé ». Devant le Chinese Business Club, principal cercle d'affaires franco-chinois, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe lui a répondu, ce 27 juin, à sa façon.
« Je suis effrayé à l'idée qu'on puisse segmenter la liberté »
« Je suis effrayé à l'idée qu'on puisse segmenter la liberté, qu'on distingue la liberté économique, la liberté sociale, la liberté politique, comme si la liberté n'était pas un tout », a commencé le président d'Horizons.
« Notre système fondé sur les libertés est menacé », a ajouté Edouard Philippe, l'air grave.
Sans citer aucun pays à l'exception de la Turquie, il s'en est ensuite pris aux « régimes qui se présentent comme des alternatives à la démocratie libérale, dans les grands pays d'Asie, dans les grandes puissances mondiales d'Asie ».
Il faut « être fort et serein »
Et ce avant d'attaquer ceux qui « militent » contre la liberté. « A l'intérieur, la démocratie libérale serait par nature incapable de répondre à la question sociale ou à la question environnementale », a fustigé le maire du Havre, là encore sans viser de personne ou de groupe en particulier.
« La liberté économique ne peut prospérer que dans un système où la liberté politique est garantie », a insisté Edouard Philippe.
Face à ces menaces, il faut « être fort et serein » et « avoir une Union européenne solide, un moteur franco-allemand, une prospérité et une stratégie claire », a-t-il encore martelé.
Le « Jean-Jacques Goldman de la politique »
Il n'en fallait pas plus pour que sa possible candidature à l'élection présidentielle de 2027 n'arrive sur la table. « Le caractère amusant de gouverner, à ne pas confondre avec celui de présider, c'est que vous êtes amené à prendre beaucoup de décisions avec des informations complètes et contradictoires et en sachant que vous allez vous tromper. Si vous ne le savez pas, c'est que vous êtes dingue », a ironisé Edouard Philippe.
Qualifié juste après de « Jean-Jacques Goldman de la politique » par l'animateur de télévision Nelson Montfort, le Havrais a pris ses distances avec des « sondages qui disent [qu'il est] le moins impopulaire ».
« Ça n'a absolument aucune valeur et cela ne démontre aucune espèce d'aptitude. Je n'y attache aucune importance et je peste contre mes amis [qui le font] », a-t-il martelé.
La France est une nation viscéralement politique
« Beaucoup de gens parlent trop. C'est une caractéristique de la médiocrité. Commenter les commentaires, c'est vachement difficile d'être intelligent. Vous vous épuisez et vous lassez. Je parle assez peu dans la presse mais je le fais quand même », a encore lâché Edouard Philippe.
Avant d'asséner, sous le regard de quelques journalistes concernés, « c'est emmerdant pour les chaînes d'information en continu, mais je m'en fous ».
Même lorsque le publicitaire de Mitterrand, Jacques Séguela, le relance sur l'échéance dans quatre ans, Edouard Philippe botte encore en touche : « Je ne sais pas, personne ne sait, ce que sera l'élection en 2027. La France est une nation viscéralement politique ».
Interrogé par l'homme d'affaires Laurent Dassault, Edouard Philippe affirme n'avoir qu'un seul rêve : « que Le Havre Athletic Club reste en première division... ».