L'IVG dans la Constitution ? Symbole politique autant que féministe

ÉDITO - L'édito de Bruno Jeudy, Directeur de la rédaction
(Crédits : DR)

Et soudain, le retour du droit à l'avortement dans la Constitution française. Emmanuel Macron ou l'art du contre-pied. Au milieu des guerres, en Ukraine et en Israël, qui déchirent le monde, de la crise inflationniste et économique qui monte et inquiète les Français, le chef de l'État change de terrain. Retour aux réformes sociétales. Le bilan de son premier mandat fut maigre, seule la PMA pour toutes fut accordée.

Dans son second et dernier mandat consécutif, le président de la République entend laisser son empreinte en concrétisant deux engagements personnels : la constitutionnalisation du droit à l'IVG et la loi sur la fin de vie. Deux sujets qui font consensus, ou presque, dans la société. 81 % des Français, selon une étude Ifop, sont favorables à l'inscription de l'IVG dans la Constitution et 77 % la jugent utile. À vrai dire, l'accès libre à l'avortement n'est plus remis en question en France. Aucun des candidats à la dernière présidentielle ne le questionne.

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Pas même Marine Le Pen, rompant là encore avec l'extrême droite traditionnelle de son père. Alors pourquoi ce projet de loi du gouvernement, fruit d'un compromis entre les propositions déjà votées, l'une par l'Assemblée nationale et l'autre par le Sénat ? Emmanuel Macron veut reprendre la main et ne pas la laisser aux Insoumis qui mènent la bataille au Palais-Bourbon. Surtout, le président préfère la voie de la ratification par les deux chambres réunies en Congrès - d'où un projet de loi gouvernemental - plutôt qu'une proposition parlementaire qui conduirait inévitablement à un référendum.

Sage décision. Non pas que le référendum soit risqué, mais il offrirait de la visibilité à la frange conservatrice et intégriste du pays. Un demi-siècle après le vote de la loi Veil, la France n'a pas besoin d'un tel débat. En revanche, dans un monde où l'IVG est menacée, sa constitutionnalisation ne bouleverserait pas la France mais serait l'occasion de montrer l'exemple à l'international. Particulièrement en Europe, où l'IVG recule en Pologne, en Roumanie, en Croatie, en Slovaquie, jusqu'en Italie et en Bavière. En manque d'influence sur la scène diplomatique, Emmanuel Macron se saisit des droits des femmes pour replacer la France à l'avant-garde du monde.

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Commentaires 13
à écrit le 30/10/2023 à 11:37
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Oui uniquement symbolique car les femmes ne seront pas mieux traitées après cette inscription dans la constitution. En effet il y a 2 problèmes plus graves pour les femmes qui voudraient avorter: un le manque de praticien/obstétricien, pénurie dans c...

le 31/10/2023 à 7:46
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Les médecins n’ont pas à devenir des assassins.

le 01/11/2023 à 10:12
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"Les médecins n’ont pas à devenir des assassins. " Commentaire beurk

à écrit le 30/10/2023 à 7:53
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Il faut en même temps y inscrire la Loi de Fin de Vie à partir de la majorité.

à écrit le 29/10/2023 à 20:44
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Amusant de constater que ce sont surtout les hommes qui en parlent. Les femmes en sont réduites à manifester dans la rue.

à écrit le 29/10/2023 à 18:51
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la constitution, c'est un texte fondamental ( Grundgesetz en Allemand) qui donne les grandes lignes d"un pays, c'est pas un livre de doleances pour chaque politicien qui veut se faire moussr en y inscrivant sa patte comme chaque ministre de l'educati...

à écrit le 29/10/2023 à 12:24
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J'oubliais, au frais du contribuable ! Donc merci d'adresser la note à Manu petit gâteau rond et sec, à base de pâte d'amande

à écrit le 29/10/2023 à 12:15
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Contente la moukère, karim va pouvoir y aller !

à écrit le 29/10/2023 à 11:47
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On commence à en avoir assez des symboles pour faire diversion...Les élus sont payés pour obtenir des resultats: industrie, balance commerciale, richesse produite par habitant, recyclage, qualité de l'air et de l'eau, déficits...

à écrit le 29/10/2023 à 10:11
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Alors que le droit à la corruption n'y est pas et pourtant nous régissant.

à écrit le 29/10/2023 à 9:10
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Bientôt, nos parlementaires et sénateurs n'auront plus rien à dire sur la Législation, tout sera mis dans le fourre tout de la Constitution !

à écrit le 29/10/2023 à 9:09
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Bientôt, nos parlementaires et sénateurs n'aurons plus rien à dire sur la Législation, tout sera mis dans le fourre tout de la Constitution !

le 29/10/2023 à 14:56
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@Bah: Bravo! Qui a jamais lu la Constitution?

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