Le monde se déchire. L'irréparable n'est plus exclu. D'Israël à l'Ukraine, de Gaza à Arras, les affrontements sanglants se multiplient, les liens se distendent entre grands blocs - que l'on pense aux États-Unis face à la Chine - et les antagonismes se creusent aussi dans nos sociétés. Plus que jamais, la nécessité de dialoguer s'impose. Il n'y a jamais d'issue positive et durable aux crises sans dialogue : cette idée fondamentale vaut partout où les êtres humains sont en relation. En géopolitique, en économie, dans le domaine social, etc. L'Histoire nous le montre depuis l'Antiquité, les philosophes des Lumières nous l'ont enseigné : les échanges et la paix vont de pair. Par-delà les frontières, au-dessus des différences.

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Cette conviction profonde anime le Cercle des économistes, elle entretient notre optimisme et nous entendons partager cette énergie sans relâche. En juillet dernier, les Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, que nous organisons depuis 2001, avaient fait le pari d'éditorialiser les débats autour de l'espoir. Ce parti pris optimiste a trouvé un écho retentissant chez nombre de nos concitoyens et parmi les décideurs du monde entier. Nous avons enregistré près de 1 million de connexions aux vidéos mises en ligne.

Pour 2024, nous proposons un thème encore plus audacieux au regard des drames et des menaces qui nous assaillent : « Relier les mondes ».

Cette approche volontariste est absolument nécessaire. Nous voulons redonner l'envie de débattre et d'agir. Depuis vingt-trois ans, les Rencontres économiques sont le seul lieu où entreprises, associations, institutions, élus et universitaires dialoguent, où les défis et les enjeux du monde se confrontent à des théories ou des dogmes appelés à se réinventer, devant un public chaque année plus nombreux.

Les Rencontres de l'été dernier ont abouti à la rédaction d'un manifeste pour un pacte social renouvelé ainsi qu'à une série de propositions concrètes, construites avec les jeunes participant à notre rendez-vous. Le manifeste a permis à des milliers de personnes dans toute la France, ainsi qu'à nos partenaires et invités, de soutenir des résolutions visant à offrir à chaque individu les perspectives de réalisation et de reconnaissance de ses capacités. Deux de ces idées ont progressé dans le débat public. D'une part, notre engagement en faveur des moins qualifiés, avec l'obligation de prévoir un parcours de formation qualifiante dans tous les contrats de travail. D'autre part, notre engagement envers les jeunes et les seniors, avec l'objectif d'avancer d'un an l'âge moyen de l'entrée sur le marché du travail (22 ans contre 23 ans aujourd'hui) et en augmentant de 10 % le taux d'emploi des 55-64 ans (56,9 % aujourd'hui).

S'agissant de la contribution de la jeunesse à nos travaux, nous avons fait remonter du terrain les préoccupations et idées des moins de 30 ans. Ils furent 35 000 à nous répondre. Forts de cette dynamique, nous portons avec eux quatre propositions fortes. Citons par exemple l'instauration de quotas jeunes (18-30 ans) sur les listes aux élections municipales ou l'obligation pour toutes les formations qualifiantes de rendre obligatoire la publication des informations relatives à l'insertion de leurs étudiants sur le marché du travail.

Nous sommes convaincus qu'il nous faut poursuivre dans la même voie, écouter, échanger, construire. Notre réalisme n'ignore rien des fractures et difficultés de nos sociétés. Fractures intergénérationnelles, fractures entre qualifiés et non-qualifiés, fractures entre pays développés et pays émergents, fractures géopolitiques majeures... Mais notre conviction demeure que les crises d'aujourd'hui ne se distinguent pas de celles d'hier, que nous avons su dépasser.

En faisant confiance à la rationalité dans les débats, au sens du compromis et du consensus, il est de notre responsabilité de réfléchir et d'agir pour construire un nouveau modus vivendi. Par ailleurs, en 2024, nous aurons une occasion symbolique à saisir : l'esprit olympique, ses valeurs et l'émulation sportive seront un puissant moteur pour impulser les nécessaires réconciliations.