Sobriété, frugalité, ingéniosité… Comment innover autrement ?

ÉDITO. Le nouveau numéro de T La Revue de La Tribune vient de paraître. Une édition consacrée à la sobriété et la low-tech.148 pages pour prendre le temps de décrypter un monde en transformations, actuellement en kiosque.
Valérie Abrial
(Crédits : DR)

Cela ne vous aura pas échappé, l'air du temps est à la sobriété. Voire à la frugalité. Mais pas n'importe laquelle ! Celle qui nous permet de faire mieux avec moins, celle qui suggère une autre idée de la croissance, celle qui ne met pas l'innovation au banc des accusés.

Et si, justement, il était possible d'innover autrement ? Dans le respect de l'environnement et la préservation de nos ressources naturelles, pour faire face à l'urgence climatique. Et si l'innovation (re)devenait simplement utile ? Et si elle s'échappait du tout technologique ? Certes, les « si » n'ont jamais fait bouger les choses. Mais les questionnements et les doutes, oui. Toutes ces questions, nous les avons décryptées, nous les avons posées à nos invités et experts. Finalement, une récurrence est apparue : le sens du mot « innovation » serait vraisemblablement en train de prendre un nouveau virage, en tout cas pour celles et ceux qui s'attellent à bousculer les lignes et qui, plus que jamais, sont dans une course-poursuite pour sauver notre climat. Écologique et social.

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Elles et ils œuvrent au quotidien pour apporter des solutions efficientes et efficaces. À l'instar du chercheur Navi Radjou qui arpente la France et le monde entier, à la rencontre des décideurs et dirigeants d'entreprises. Selon lui, la solution est dans le jugaad, un état d'esprit hindi alliant ingéniosité frugale et résilience créative. Une capacité ingénieuse proche de la basse technologie ou, pour le dire autrement, de la low-tech ; terme devenu très tendance tant il fait florès en ce moment. Il s'inscrit néanmoins dans une réalité tangible. Les grandes entreprises développent leur service d'innovation frugale et de low-tech, les écoles d'ingénieurs créent leurs cursus dédiés. Partout en France, les initiatives low-tech se multiplient comme celle de la famille Fustel qui a développé un véritable écosystème en Bretagne, le tiers-lieu Macondo à Montpellier qui explore les technologies douces, l'entreprise Vento-Sol dans le Tarn qui transforme les coques de bateaux à des fins agricoles. Préserver nos sols, agir dans le respect de la nature. En s'inspirant d'elle, aussi. Comme une possibilité dans le désordre des choses. Ou, selon la philosophe Corine Pelluchon, comme une espérance, cette « capacité à voir dans le chaos du présent les signes avant-coureurs d'un mouvement qui pourrait ouvrir l'horizon », ce qu'elle appelle « l'âge du vivant ». Le biomimétisme en fait partie, il offre « des solutions moins polluantes, de meilleure qualité car tannées par l'expérience du temps » nous explique le biologiste Gilles Boeuf. Au point qu'aujourd'hui, Airbus, à Toulouse, planche très sérieusement sur un avion inspiré de l'albatros ; objectifs : réduire la consommation de carburant et améliorer le confort des passagers. Car l'humain n'est pas en reste ! Nombreuses sont les entreprises à s'inscrire dans ce courant. À l'instar du secteur immobilier qui prône une transformation urbaine low-tech, à dimension humaine, loin de la ville intelligente, la fameuse smart city de ces dix dernières années. Comme une envie de s'éloigner de l'hyperconnexion.

Et c'est sans aucun doute l'un des socles de cette sobriété annoncée. Celle qui inclut l'innovation sociale et économique au cœur d'un projet humaniste. Peut-être...

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T15

Valérie Abrial

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Commentaires 3
à écrit le 22/06/2023 à 9:56
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C'est le mot "innover" qui sonne mal quand veut du progrès ! ;-)

le 22/06/2023 à 19:43
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On sent que l'innovation n'est plus une conséquence, mais un but pour avoir l'impression d'avancer !

à écrit le 22/06/2023 à 8:10
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C'est beau, d'être optimiste

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