Barrières

Face à la crise, une solution séduit de plus en plus : la fermeture des frontières. Le slogan, c'est : « quand tout va mal, achetez local ! » Une piste qui vous inquiète...

Oui, on appelle cela le protectionnisme. Et c'est vrai que ces derniers jours, les signaux d'un renouveau du protectionnisme se multiplient dans le monde. C'est aux Etats-Unis un plan de relance qui impose l'acier américain dans les grands travaux. C'est la Russie qui taxe les voitures importées. Ce sont les salariés anglais qui veulent expulser les travailleurs étrangers. Ce sont les patrons allemands qui réclament, massivement, des mesures de protection de leurs marchés. C'est en France un plan de soutien à l'automobile qui voudrait interdire aux constructeurs de développer leur production hors de l'Hexagone. Bref, face à la crise, on voit partout renaître la tentation protectionniste. L'idée, c'est que pour protéger l'emploi national, il faudrait privilégier, par tous les moyens, la production nationale...

Avec la crise, on voit ce que la mondialisation a produit ! Il faut peut-être un peu calmer le jeu, revenir en arrière sur l'ouverture généralisée des frontières ?

Ah, un vieux débat. Le libre-échange, la concurrence, c'est bien sûr difficile à supporter. On n'a malheureusement rien trouver de mieux, depuis deux siècles, pour favoriser la prospérité. Il y a en réalité une très forte relation entre les échanges et la croissance. Les échanges favorisent la croissance ; la croissance pousse les échanges. Grâce au commerce, on a une plus grande diversité de produits dans nos magasins, des produits souvent moins chers. Le commerce, c'est une occasion pour nous de nous spécialiser dans nos domaines d'excellence. Les pays qui ont refusé d'ouvrir leurs frontières restent les plus pauvres de la planète.

Christine Lagarde expliquait ce week-end à Davos que le protectionnisme, ça pouvait être « un mal nécessaire » à titre temporaire bien sûr

Une seule chose. L'histoire. 29, on nous en parle beaucoup ces derniers temps. Eh bien, si la crise de 29, boursière au départ, a débouché sur la pire des dépressions de notre histoire, sur la guerre ensuite, c'est exactement parce que certains ont tenu le raisonnement que vous évoquez. On a dit, aux Etats-unis d'abord, que pour régler la crise, il fallait fermer un peu, à titre temporaire, les frontières du pays, privilégier la production nationale. En 1930, le Congrès a imposé des droits de douane massifs sur près de 1000 produits industriels. Les autres pays ont naturellement réagi, fermant à leur tour leurs marchés nationaux. Ca a été le début d'une véritable guerre commerciale dans le monde. On a vu le commerce mondial s'effronder, la production a suivi, les files de chômeurs se sont gonflées plus vite encore. Le protectionnisme : un mal nécessaire mais temporaire. Non. Un mal absolu qui risque d'enclencher le pire des engrenages !

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