SOS Chômage

Question : Réunion de crise ce soir autour de la ministre de l'Emploi, Christine Lagarde. Comment stopper la brutale dégradation du chômage, une dégradation qui a pris par surprise le gouvernement, Erik Izraelewicz ?

Oui, à force d'avoir nié la récession, le gouvernement n'a pas vu venir cette brutale dégradation de l'emploi. 30.000 à 40.000 chômeurs de plus en août, c'est la plus forte hausse mensuelle du chômage depuis quinze ans, depuis...la crise de 92-93. En fait, depuis mi-2006, on avait connu plus de deux ans de baisse continue du chômage. Eh bien, depuis mai, c'est fini. Le chômage est reparti à la hausse.

A dire vrai, il fallait être aveugle, sourd et muet pour ne pas anticiper cette reprise du chômage. Tous les experts la prévoyaient, tous les indices l'annonçaient, seul le gouvernement avait préféré jusqu'à présent la nier, voire la minimiser. Les constructeurs auto suppriment des emplois, leurs sous-traitants aussi. Idem dans la métallurgie ou le papier, dans toute l'industrie en fait. Le bâtiment et les travaux publics continuent à recruter mais commencent à souffrir. Les banques et les assurances aussi...

Un échec de la politique du gouvernement ?

Non, d'abord une conséquence de la crise, du ralentissement général de l'activité dans le monde. La France est touchée, naturellement. Elle est elle aussi en récession. On fera à peine 1% de croissance cette année. Il y aura donc très peu de création d'emplois - dix fois moins qu'en 2007, sans doute ! Il sera donc plus difficile de trouver un job.

Pendant ce temps-là, l'Etat supprime des emplois...

Oui, c'est vrai. Le gouvernement a annoncé vendredi la suppression l'an prochain de 30.000 postes dans l'administration. Cela étant, il ne faut pas se tromper de diagnostic.

La politique du gouvernement, c'est une politique en trois temps. Temps un : il veut redonner aux entreprises de la compétitivité, les mettre en situation d'embaucher. Ca, ca prend du temps, beaucoup de temps. Deuxième temps justement : il veut faciliter, sur le marché du travail, le retour à l'emploi - c'est la réforme du contrat de travail, celle de la formation professionnelle, la fusion Anpe-Unedic aussi. Tout cela, c'est efficace s'il y a des emplois ; ce qui n'est pas le cas en période de récession, comme aujourd'hui.

Tout cela, ça s'accompagne dans l'immédiat d'une remise en ordre de l'Etat, avec à la clé une réduction des effectifs de l'Etat, une diminution aussi du nombre des contrats aidés, des emplois subventionnés aussi. Ce troisième temps de la politique du gouvernement, c'est, à court terme, celui qui produit le plus rapidement des effets - qui conduit à un gonflement des statistiques du chômage.

Peu de choses à attendre de la réunion de crise de ce soir ?

Peu de choses, effectivement. Sauf à ce que le gouvernement revienne sur la logique de sa politique. Après les propos de Nicolas Sarkozy et de François Fillon, la semaine dernière, on n'a pas le sentiment que ce soit la tendance !

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