Une bombe avant Versailles

Le déficit public explose. Il devrait se situer  entre 7% et 7,5% du PIB en 2009, en 2010 aussi. C'est ce qu'a avoué hier le ministre des comptes, Erik Woerth. Une petite bombe avant le discours de Nicolas Sarkozy, aujourd'hui au Congrès...

Non, une manière plutôt de lui préparer le terrain. Le déficit explose, c'est vrai. Il devrait finalement approcher cette année les 150 milliards d'euros. 1000 milliards de francs. Qui aurait imaginé cela ? Le record de 1993, un déficit de 6,4% pulvérisé.

Alors, même si Bercy a mis du temps à l'avouer, ce déficit, ce n'est pas une surprise. Il y a d'un côté, avec la crise, un effondrement des recettes fiscales. La crise, c'est par exemple moins de profits pour les entreprises, c'est moins d'impôts sur leurs bénéfices. L'an dernier, les sociétés avaient versé dans les caisses de l'Etat près de 50 milliards d'euros. Elles n'en verseront plus que 25 à peine ! Moitié moins. La TVA, c'est moins violent. C'est en baisse quand même. Un effondrement des recettes d'un côté, un gonflement des dépenses de l'autre - des dépenses sociales, des dépenses pour la relance aussi...Pas de surprise donc même si l'Etat a pendant longtemps cherché à nier cette réalité !

Les caisses de l'Etat sont vides ?

La formule n'est pas bonne. L'Etat peut toujours trouver de l'argent en s'endettant. Le problème, c'est que la dette, elle, a une limite, c'est qu'il faudra un jour la rembourser...


Eric Woerth dramatise en fait pour justifier les décisions que doit annoncer aujourd'hui Nicolas Sarkozy ?

Un. Il ne dramatise pas. C'est la situation des comptes publics qui est dramatique.

Deux. Nicolas Sarkozy ne va pas annoncer la rigueur, la réduction des dépenses ou une hausse des impôts. Tout cela, ça n'aurait aucun sens aujourd'hui, dans la crise. Il est plutôt attendu sur « l'après crise », sur ses intentions une fois que la tempête sera passée. Et là, on comprend que les chiffres inquiétants donnés par Eric Woerth vont lui permettre d'avancer sur deux grandes réformes auxquelles il tient, les collectivités locales et la protection sociale.

Sur les collectivités locales, il y a des économies à faire. Notre « mille-feuille territorial » comme il dit est indigeste, insupportable pour notre économie. Il y a trop de doublons. Il veut obliger les collectivités locales à réduire leurs dépenses - en réduisant le nombre de strates administratives. Il veut peser aussi sur les comptes sociaux en allongeant par exemple l'âge de départ à la retraite...

Cette dette qui gonfle inquiète les Français. Ils savent qu'ils devront un jour la rembourser...

Oui, et donc ils continuent à épargner. Alors qu'il faudrait qu'ils consomment. Rassurer sur la maîtrise des comptes publics, sur sa détermination à les redresser dès que possible. C'est là l'un des enjeux essentiels du discours Versailles, cet après midi. Pour aujourd'hui comme pour demain !

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