Temps maussade au-dessus de l'Atlantique

Le charisme du président Obama peut beaucoup de choses mais pas changer le calendrier européen. Or celui-ci n'est guère propice au progrès des nombreux dossiers commerciaux transatlantiques. La preuve : le vice-président de la Commission Günther Verheugen a du renoncer à tenir à Bruxelles la réunion du Transatlantic Economic Council prévue le jeudi 30 avril. La réunion aura lieu finalement à Washington. "Comme il y a très peu de résultats à afficher, les autres commissaires sensés participer n'avaient pas envie de se retrouver sous la loupe de leurs medias nationaux. Il était donc plus facile de les convaincre de participer en organisant la réunion aux Etats-Unis", explique une source proche du dossier.

Créé en 2007 sous l'impulsion de l'Allemagne, le Transatlantic Economic Council est un organe politique de haut niveau coprésidé par un Européen - en l'occurence Verheugen - et un Américain. L'idée est d'aplanir les différents commerciaux entre les deux rives avant qu'elles ne dégénèrent en conflit politique ou en dispute à l'OMC. Angela Merkel voulait même en faire l'instrument de la création d'un "marché intérieur transatlantique".  Barack Obama avait manifesté son intérêt pour le TEC en nommant rapidement après son entrée un nouveau patron côté américain : Michael Froman, vice-conseiller du président pour la sécurité nationale, en charge des affaires économiques internationales. Un "techno", certes, mais du plus haut niveau.

L'ordre du jour du TEC est souvent ingrat: qualité du poulet, sécurité automobile, propriété intellectuelle, etc., mais les enjeux sont colossaux. L' "économie transatlantique" (autrement dit l'activité résultant des échanges et des investissements croisés) représente 14 millions d'emplois, les échanges réciproques de biens portent annuellement sur 400 milliards d'euros, plus 260 milliards pour les services et autant d'investissements croisés. Aucuns blocs économiques ne sont aussi liés et ne pèsent aussi lourd que l'ensemble Etats-Unis / Union européenne.

Le problème est que la Commission est en fin de mandat et que les priorités politiques des commissaires sont ailleurs. Résultat: le cabinet de Verheugen a toutes les peines du monde à convaincre les autres de faire travailler leurs services sur ces sujets. "On sent qu'on est entré en période d'interim", assure cette source. Le mandat de l'actuelle Commission se termine fin octobre. L'agenda n'est porté ni techniquement, ni politiquement. Sans parler du fait que la période actuelle n'est guère propice aux grandes envolées sur les vertus du commerce. Pourtant, les dossiers brûlants ne manquent pas à commencer par le marché du carbone que les Américains s'apprêtent à créer. Européens et Américains devraient éviter que les différences inévitables entre les deux marchés ne soient une source de distorsion de concurrence entre entreprises européennes et américaines. Le différend transatlantique sur les OGM est tout sauf résolu et les divergences sur la propriété intellectuelle sont profonds. Bref! Il y a du pain sur la planche. Mais cela sera probablement pour la prochaine Commission européenne.

F.A.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.