L'affaire Clearstream est un complot de …la CIA

Sous une forme romancée, un livre enfourche les thèses favorites de Jean-Louis Gergorin, le supposé « Corbeau » de l'affaire Clearstream. Comme pour préparer sa défense. Mais la thèse peut aussi bien receler une once de vérité. Et peut être de mensonge ...

La bataille du procès Clearstream vient de commencer. Par la publication d'un livre, le « Syndrome de la grenouille » (éditions Alphée-Jean-Paul Bertrand). « Inspiré de faits réels (...) dans le cadre fictif » du texte, comme indique l'avertissement publié en exergue. En clair, l'avocat de l'auteur a demandé d'affubler de pseudonymes des personnages sans cela trop reconnaissables. Sinon tout est vrai, semble affirmer l'auteur, Michel Bassi.

Sa thèse est simple : les Américains, inquiets de la montée en puissance d'Airbus, un Airbus tricolore, face à Boieng, montent un « chantier » pour déstabiliser le groupe aéronautique. Passons sur la belle espionne blonde à longues jambes qui séduit le responsable de l'intelligence économique d'Airbus, dont le nom, Loriot, masque mal Jean-Louis Gergorin, le supposé « Corbeau » de l'affaire Clearstream - aventure qui fait rigoler sous le manteau les connaisseurs de l'affaire.

Passons sur la défense de la France avec ses armes éternelles : le sourire d'une belle brune gironde et les réseaux francs-maçons, actionnés, l'un par le clone d'Alain Juillet, l'ex-haut responsable à l'intelligence économique, et les autres par le double d'Alain Bauer, ex-patron du Grand orient de France.

Et arrivons à l'illumination du maître-espion américain qui est à la manœuvre : créer un fichier de corrompus censés provenir d'une chambre de compensation bancaire, glisser des noms absurdes, dont celui d'un candidat de droite à l'élection présidentielle française, transmettre le tout à Loriot-Gergorin. Avec l'espoir que la manipulation éclate au grand jour, élimine Loriot-Gergorin, qui, malgré sa légèreté et certaines postures ridicules, est un redoutable adversaire. Et efface également Dominique de Villepin, l'anti-américain par excellence.

Si l'on ajoute que l'auteur enfourche le cheval de bataille de l'assassinat de Jean-Luc Lagardère par la mafia russe alliée pour l'occasion par la CIA, thèse remâchée dans la réalité par Jean-Louis Gergorin, on conclut facilement que le livre prépare la défense du-dit Gergorin, principal accusé du procès Clearstream. Plutôt le ridicule de se voir portraituré en short avec ses longues jambes maigres et poilues que de se retrouver au fond d'une geôle sarkozienne.

La carrière de l'auteur pousse à enfourcher cette hypothèse. Michel Bassi a mené sa vie professionnelle au confluent du journalisme, de la communication (il est aujourd'hui l'un des patrons d'Hill & Knowlton France) et de la politique (il a été directeur de l'information à la chiraquienne mairie de Paris en 2000).

Quoique...Le dossier Clearstream, affaire à tiroir foutraque auquel toutes les rancoeurs rancies ont été accrochées, peut aussi bien permettre de donner une vérité à cette thèse, considérée un temps comme une hypothèse par certains policiers, que de la transférer illico au chapitre de la défense inconditionnelle d'un principal accusé d'un futur procès à grand spectacle. Mais aussi être un leurre de plus. Ou le contraire. C'est le vrai plaisir de l'affaire Clearstream de ne pas savoir où l'on se trouve. Sauf à disposer de toutes les pièces du dossier.

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