La "pénibilité" n’a pas franchi les portes de l’ESSEC

Gérard Sebaoun, député PS du Val d'Oise, répond à Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l'Essec. Ceux-ci accusaient le gouvernement et sa majorité - à travers l'exemple du compte pénibilité - de ne rien connaître au marché du travail.

Ironie du calendrier, le jour où parait la tribune « Le compte pénibilité, une avancée à protéger », que j'ai signée sur leMonde.fr avec 32 collègues députés de la majorité, deux professeurs d'économie de l'ESSEC, Marc Guyot et Radu Vranceanu publient sur laTribune.fr un incroyable pamphlet contre le compte pénibilité.

>> Lire aussi : Le compte-pénibilité ou l'esprit Big Brother 

Messieurs, vous n'avez peut-être lu attentivement ni la loi, ni l'étude d'impact, ni les préconisations de Michel de Virville (ancien DRH de Renault), sur l'application pratique du compte personnel de prévention de la pénibilité. Ou bien, vous les avez lus sans enlever vos œillères, ce qui j'en conviens, est un facteur de risque qui complique notre affaire et empêche techniquement une lecture objective

 

Une ignorance réelle du sujet

Oser contester la réalité quotidienne de la pénibilité de certains métiers (sur les chantiers, dans les ateliers, les usines ou les champs, dans tous les lieux de production où les cadences, la manutention lourde, les postures pénibles, les vibrations, la chaleur, le froid, le bruit ou l'usage de produits chimiques etc.), c'est faire peu de cas des salariés, de leurs représentants, des fédérations et des branches professionnelles, des travaux scientifiques, des préventeurs, bref de tous ceux qui travaillent sérieusement sur le sujet.

Oser colporter l'idée fausse que la mesure de la pénibilité devra se faire au quotidien « avec un système de surveillance monstrueux » est une véritable imposture.

 Oser écrire sans retenue que le compte instaurera « une surveillance mesquine et minutieuse des gestes bafoue toute notion de créativité et de liberté individuelle qui doit pouvoir d'exprimer aussi sur le lieu de travail », c'est injurier les centaines de milliers de salariés concernés, et possiblement plus de 3 millions selon l'étude d'impact du projet de loi Retraites 2013.

Oser brandir les contre-exemples « du contrôleur aérien, du chirurgien, du directeur financier » qui exercent aussi un travail pénible (je ne nie pas le risque psychosocial potentiel de ces professions), c'est méconnaitre l'écart d'espérance de vie à 35 ans entre cadres ou professions libérales d'un côté, et les ouvriers de l'autre, qui s'élève à plus de 7 ans pour les hommes et 3 ans pour les femmes, et cet écart ne se réduit pas.

 

Une posture idéologique

Oser rejeter le compte en s'abritant derrière les différences individuelles physiques ou métaboliques (que personne ne conteste), c'est nier les conséquences potentiellement délétères de l'organisation et de l'environnement de travail, en dénonçant je ne sais quelle « approche marxiste du monde du travail ».

Oser affirmer que le marché du travail fonctionne avec une parfaite égalité entre salariés et employeurs, ou affirmer le libre choix de la mobilité des salariés face à la pénibilité « vers des fonctions managériales à moindre effort physique » est une énième provocation.    

Non messieurs, la loi n'a rien de « comique » comme vous l'écrivez. Elle permet dans sa traduction règlementaire de remédier à des inégalités admises par tous les partenaires sociaux, qui ont eux-mêmes élaboré la liste des dix facteurs de risque de pénibilité. La création de ce compte personnel est une réelle avancée sociale et l'inclusion de quelques grands noms de la littérature et de la pensée comme « Franz Kafka, Eugène Ionesco, George Orwell, Alfred Jarry et Karl Marx » ne rend pas votre article plus acceptable. Je suis affligé qu'un tel message puisse être délivré aux étudiants de l'ESSEC. 

 

 

 

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Commentaires 20
à écrit le 22/07/2014 à 13:53
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Encore un qui fait le perroquet du gouvernement pour défendre une nouvelle mesure de type shadok ! Bonne idée au départ ,et catastrophe bureaucratique à l'arrivée .... Appamée

à écrit le 21/07/2014 à 14:22
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M. le député, outre le débat politique que peut susciter cette réforme, je voudrais juste vous prier d'éviter de surfer sur la vague "anti-école de commerce" qui s'est par exemple formidablement exprimée dans les commentaires de l'article des deu...

à écrit le 20/07/2014 à 21:18
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C'est toute la question du travail en France qui est à revoir intégralement. Au nom de la gestion des risques psychosociaux a été introduite une pratique calamiteuse ou le salarié peut invoquer ce risque sans aucun mécanisme de vérification au détrim...

à écrit le 17/07/2014 à 14:24
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Je suis fier d'être élève de l'ESSEC quand je vois mes professeurs s'engager contre cette vision de l'économie et du travail dépassée, qui ne fait plus consensus que dans notre pays aveuglé par une doctrine socialiste relayée en masse par les "parten...

à écrit le 16/07/2014 à 16:05
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Bonjour monsieur le député, Je vous remercie de vous inquiéter de la qualité de l'enseignement dans notre école. Je vous rassure, elle est bien supérieure à la piètre tribune qu'ont rédigée nos professeurs. Et je tiens à m'excuser pour ceux qu'ils...

à écrit le 16/07/2014 à 14:58
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Encore un parlementaire à côté de la plaque. L'excès de réglementation transforme les entrepreneurs en bureaucrates qui n'ont plus le temps de développer leur entreprise et l'emploi. Encore un parlementaire qui ne connait rien au monde de l'entrepris...

à écrit le 16/07/2014 à 12:25
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Vous n'avez toujours rien compris ? Depuis le temps que cela a été dit, prêché, et hurlé sur tous les toits ? Notre calendrier même dépend de lui... J.C cela ne vous dit rien? Pour savoir si quelque chose est acceptable, utilisez la règle d'or. ...

le 17/07/2014 à 15:29
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Très bien !! + 1000

à écrit le 16/07/2014 à 12:15
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Cette reponse est tout simplement nulle et creuse à l'image de l'actuel gouvernement. M Sebaoun se contente de repondre aux arguments de Mm Guyot et Vranceanu, par les sempiternels slogans du type "c'est une imposture", "c'est une insulte aux salari...

à écrit le 16/07/2014 à 11:44
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est ce que le travaille à la chaine chez Renault, assisté de robots, de bras articulés motorisés est plus pénible que de recevoir 100 appels par jour de clients mécontents ou posant toute sorte de question ? est ce que poser du carrelage de 60x60 est...

à écrit le 16/07/2014 à 11:24
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@tous les commentateurs précédents Quand vous dites que les politiques (ceux de la majorité mais ceux de l'opposition aussi) n'ont pas d'expérience personnelle de la pénibilité physique au travail, je suis bien d'accord avec vous. Mais je pense que...

le 16/07/2014 à 14:33
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En effet les professions"penibles" devrait être mieux rétribué. Pour cela un moyen simple: comme elles sont pénibles les candidats se font rares et il faut donc mettre le prix pour les attirer. Malheureusement un phénomène gache souvent ce mécanism...

le 17/07/2014 à 15:34
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évidemment, on trouve toujours une parade, n'est ce pas pour ne pas payer à la juste "valeur", en l'occurence, ici, la pénibilité !! + 1000

à écrit le 16/07/2014 à 10:20
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apres 30ans d usine ou de travail penible ,c est a la medecine de definir la penibilite ou l incapacite de travaillet ,eux ils savent ,et c est a eux de te mettre en incapacite ou au repos .

à écrit le 16/07/2014 à 10:20
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Je dirais meme plus : que le gouvernement ne connait rien au travail tout court. Tout est dans le titre de l'article. Quand on a jamais été entrepreneur, qu'on a jamais travaillé de sa vie en étant au "parti" depuis les bancs de l'école, qu'on a jama...

à écrit le 16/07/2014 à 9:55
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La "pénibilité" , c'est juste pour ceux qui sont au pouvoir, les pauvres! ils s'étaient octroyés juste avant le départ de Hérault, une sacré belle prime de "présence, car leur job est très , très difficile !!!!

à écrit le 16/07/2014 à 7:55
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Quand on a jamais rien fait de ses dix doigts, on peut aligner de tels propos, je comprends ces professeurs!

à écrit le 15/07/2014 à 21:37
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C'est trés bien, Monsieur Sebaoun, vous vous enfermez vous aussi dans des postures dogmatiques, idéologiques, clientèlistes. Vous feignez ainsi d'admettre qu'il est très peu probable que Monsieur de Virville (ex-DRH de Renault) connaisse la moindre r...

le 16/07/2014 à 8:56
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Il n'y a pas un seul membre du gouvernement qui ait la moindre expérience du secteur privé. Tous ont toujours été payé par nos impôts et jamais par un client.

le 16/07/2014 à 9:57
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ouais! et ça fait une énooorrrrrrrrmme différence, ça! mais que voulez vous qu'ils sachent, ces pauvres sires?.....ça tombe direct en temps et en heure pour eux!

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