Allons-nous vraiment payer pour les Grecs ?

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, allons-nous vraiment payer pour les Grecs ?
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

Plusieurs niveaux de réponse à cette question.

Oui en première lecture

Toute l'opération de sauvetage de la Grèce depuis 2010 a consisté à transférer plus de 90% de l'encours de dette grecque des mains du privé aux mains du secteur public ou du FESF dont les États sont garants. Non sur le plan technique. Je vous recommande la lecture du texte d'Ivan Best sur le site de la tribune, en date du 5 février :

« Ce que coûterait vraiment aux contribuables l'annulation de la dette grecque ».

Non, car on n'a jamais vu de défaut total d'un Etat

Mais même à prendre cette hypothèse : le calcul n'est pas celui qui consiste à diviser les 42,4 milliards sur lesquels est exposée la France, par le nombre d'habitants ou d'adultes pour aboutir à  650 à 800 euros par tête.

  • 1/ les 42 milliards sont déjà adossés à des emprunts de l'agence France trésor. Et aux taux actuels, l'Etat français perçoit une petite marge d'intermédiation. L'aide ne coûte pas, elle rapporte éventuellement quelques euros aux français.  Si la Grèce ne rembourse pas L'Etat français réempruntera à échéance. Le contribuable n'y verra que du feu en sera quitte pour les entrées d'intérêt perdues côté grec, et les intérêts qui continueront à courir sur les 42 milliards empruntés par la France. Aux taux actuels, une charge de 5 à 10 euros par français, que l'inflation viendra éroder à la longue...
  • 2/ Cela veut dire que si l'on remplaçait la dette grecque par une rente perpétuelle, où la Grèce verse un taux sans jamais rembourser le capital, tenant compte du fait qu'elle dans l'impossibilité de lever des fonds pour rembourser ses prêts arrivant à échéance, le contribuable français serait épargné. L'Etat français prolongerait ad vitam une situation où il emprunte  pour le compte de la Grèce tandis que cette dernière paie les charges d'intérêt. Le contribuable y gagnerait même si la rente versée par la Grèce était supérieure aux taux auxquels la France emprunte.

Non sur le plan politique

Pour trois raisons :

  • 1/ Les quarante milliards sur lesquels nous sommes exposés n'ont été empruntés que pour délester les agents privés et notamment les banques des pertes liées à un défaut grec inévitable. Il s'agit d'un renflouement déguisé ne nos banques. Si l'Etat grec faisait réellement défaut, nous ne ferions que payer la facture de notre propre sauvetage.
  • 2/ Ensuite, le fait de ne pas régler le cas grec nous engage dans une dangereuse fuite en avant à la Ponzi, où l'on prête à chaque fois plus à un pays dont les agents sont massivement insolvables au plan individuel. 60% du PIB d'arriérés fiscaux, je le rappelle. Nous prêtons donc pour sauver la face et maintenir le service de la dette grecque. Une escalade qui coûtera d'autant plus chère qu'elle s'effondrera tardivement.
  • 3/ Enfin, il faudrait mettre dans la facture, le coût en termes de croissance et de déflation de nos atermoiements à régler globalement la crise d'endettement des pays du sud. Et là, il est probable que l'on se rendrait compte  que nos politiques de rigueur non coordonnées ont coûté bien plus que les 40 milliards de perte sur la Grèce pour la France.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 28
à écrit le 24/02/2015 à 16:27
Signaler
Je résume: Rien ne coûte rien, il suffit de ne jamais rembourser. Il faut vraiment être sacrément bête pour honorer ses dettes.

à écrit le 24/02/2015 à 13:10
Signaler
et l'effacement des 60% de la dette grec , ses 60% ont bien ete pris en charge par quelqu'un et des ses milliards personne n'en parle. puisque les banques c'est l'etat a present ,et l'etat c'est le contribuable.

à écrit le 24/02/2015 à 11:12
Signaler
Donc, en résumé, si la Grèce ne rembourse pas les 42 milliards, cela ne coûterait rien aux Français parce que cela ne ferait qu'aggraver le déficit public français de 42 milliards. Voilà bien une leçon d'économie socialiste: tant que c'est du déficit...

à écrit le 24/02/2015 à 8:55
Signaler
Mon ennemi, c'est la bétise et l'ignorance, et non la finance qui octroie des milliards pour faire survivre des états impécunieux et parfois malhonnêtes. Aprés avoir perdu deux ans, la France rame pour refaire surface mais le temps perdu, c'est de l...

à écrit le 24/02/2015 à 8:50
Signaler
Empruntons 1500 milliards....car on ne rembourse jamais... que du bonheur....il a ete eleve à l ecole Moscovici...Il raconte ca de lui meme ou il y est obligé...le pôvre

à écrit le 24/02/2015 à 8:48
Signaler
Nos gouvernements devront rendre compte publiquement du vrai coût du dossier grec pour nos finances déjà bien mal en point. Charité bien ordonné commence par soi-même, et il y a du boulot ...

à écrit le 24/02/2015 à 8:36
Signaler
La France verse plus a l europe qu elle ne perçoit . Et je ne parle pas des pertes que subit son economie du fait du dumping social et fiscal au sein de l europe . L'Europe sans la France ou l'Allemagne n'est plus rien.

à écrit le 24/02/2015 à 8:34
Signaler
Comment peut-on sérieusement essayer de demontrer que 40 milliards effacés ne coutent à personne ? C'est 40 milliards de perdus , 40 milliards certes déjà intégrés a notre propre dette mais qui ne sont plus adossés à une creance! Imaginez que vous v...

à écrit le 24/02/2015 à 0:52
Signaler
Eh non, nous n'avons jamais payé pour les Grecs, mais toujours pour la Bundesbank !

à écrit le 23/02/2015 à 20:47
Signaler
Il y a pas de raison, les autres pays paient bien pour la France pour une PAC ultra avantageuse pour nous !

à écrit le 23/02/2015 à 17:45
Signaler
Il serait malsain que l'alllemagne persiste à ne pas régler ses dettes à la grèce créant en cela un précédent, du jamais vu... je ne vous que la sortie pour la grèce et l'allemagne et la france et... Effet d'emballement vous verrez, plus personne n'...

à écrit le 23/02/2015 à 17:35
Signaler
croissance , chômage , dette (publique et privée) , mondialisation, démographie . Une équation existentielle à 5 inconnues qui n'a aucune chance de trouver une solution ...

à écrit le 23/02/2015 à 17:13
Signaler
Pourquoi ? Vous croyez que c'est le Zimbabwe qui va le faire ?

à écrit le 23/02/2015 à 16:57
Signaler
Wikipedi n'est pas en phase avec l'auteur de cet article (que je m'abstiens de qualifier tant il est .;oups..). il suffit de taper "Défaut souverain" pour voir une liste impressionnante (la france a été par exemple en défaut 10 fois. Arrêtez de prend...

à écrit le 23/02/2015 à 16:54
Signaler
Ca sentirait pas lenfumage ?? Les dettes traiter par des pros de la compta qui finissent par disparaître Trop fort

à écrit le 23/02/2015 à 16:34
Signaler
c'est grave docteur ? Partant de ce postulat les 2000 milliards de dette de la France ce n'est rien aussi. Pourquoi nous rabâche t on sans cesse " le poids insoutenable de nos dettes" et augmente t on nos impôts ? il suffit de rouler la dette comme ...

à écrit le 23/02/2015 à 16:11
Signaler
les rentes perpetuelles, c'est comme les quasi fonds propres en obligations longues... tout va bien tant que personne ne demande le remboursement.... et il se trouve que dans le cas des etats comme des entreprises, les creanciers en demandent le rem...

le 23/02/2015 à 17:36
Signaler
Exactement, puisque la dette ne sera remboursée, on ne peut plus compter que sur les intérêts, c'est pour cela qu'on ne fera pas sortir la Grèce de l'euro. Les grecs le savent et ils en jouent, c'est pour cela que nos menteurs politiques se sont réjo...

à écrit le 23/02/2015 à 15:32
Signaler
stop maintenant la FRANCE NE VA PAS BIEN §

à écrit le 23/02/2015 à 15:29
Signaler
Je vous rappelle que c'est avec le même argument fallacieux qu'on avait déjà prêté les 40 milliards !...

à écrit le 23/02/2015 à 15:25
Signaler
"les intérêts qui continueront à courir sur les 42 milliards empruntés par la France. Aux taux actuels, une charge de 5 à 10 euros par français, que l'inflation viendra éroder à la longue". Cela veut dire en clair que la dette retombera sur la France...

à écrit le 23/02/2015 à 15:24
Signaler
Es-ce que l'on se pose la question de savoir si l'on paye pour la Corrèze? Soit, on veut une union européenne, soit on ne la veut pas et... l'on sort de ce m......!

le 23/02/2015 à 17:05
Signaler
@Non mais: je comprends parfaitement qu'au nom de la solidarité, on doive accepter certaines choses. Toutefois, il faut que de l'autre côté, il y ait des efforts et un alignement sur ceux qui aident. Ce n'est pas le cas actuellement, la Grèce a touch...

le 24/02/2015 à 6:11
Signaler
@Patrickb : De toute façon, vous n'êtes pas concerné puisque soit disant vous vivez au Canada.

à écrit le 23/02/2015 à 15:16
Signaler
Quelle fumisterie! Comme si les 42 milliards non rembourse n´avaient aucune valeur. Malheureusement les creanciers de la France attendront qu´elle rembourse les 42 milliards que la Grece ne remboursera pas. Et ce n´est pas parce que la France, pou...

le 23/02/2015 à 16:24
Signaler
C'est juste la réalité de l'économie libérale reposant sur l'endettement. Ce système est le notre depuis plus de deux siècles et repose sur le caractère éternel d'un état et donc sa capacité à emprunter à l'infini. Dans ce cas seuls les intérêts com...

le 23/02/2015 à 16:35
Signaler
Ce "gus" est un economiste keynésien pro syriza qui nous ressort la salade que nous ont servis les créanciers privés de la Grèce pour refinancer leurs créances...C'est totalement incompétent en matière juridique, comptable et financière ce qui n'est ...

le 23/02/2015 à 18:18
Signaler
Je cite : "Ce système est le notre depuis plus de deux siècles et repose sur le caractère éternel d'un état et donc sa capacité à emprunter à l'infini" J'ajouterais que la capacité à emprunter à l'infini dépend d'une croissance infinie. L'emprunt,...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.